Grande mobilisation, cette semaine, de la société civile marocaine à l'occasion de l'adoption du Pacte mondial sur les migrations prévue les 10 et 11 décembre, à Marrakech. La société civile marocaine mobilisée autour des thématiques de l'immigration, de l'émigration et de l'asile est parmi les plus dynamiques au monde et sur le continent africain. À l'occasion de l'adoption par 185 Etats du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière, les différentes associations, mouvements et collectifs mobilisent leurs réseaux nationaux et internationaux pour faire entendre leurs voix, ainsi que leurs craintes vis-à-vis de ce nouveau texte international. Divergences au sein des ONG Pour Patrick Kit, membre de la Plateforme des associations et communautés subsahariennes au Maroc, «le pacte demeure non contraignant pour les Etats, donc il ne peut protéger les migrants», alerte-t-il. Pour cet acteur associatif établi au Maroc, «l'intérêt du pacte sera de réactiver une coopération Sud-Sud. Pour cette raison, il faut réinstaurer la libre circulation au sein de l'Afrique». Même son de cloche de Said Tbel, militant de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), spécialisé dans les questions migratoires. «Nous estimons que le pacte constitue un recul par rapport à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Un texte que les pays du Nord n'ont pas ratifié», s'inquiète ce défenseur des droits des migrants depuis de longues années. L'AMDH ainsi qu'un grand nombre d'associations marocaines feront partie de la coalition mondiale Action mondiale des peuples (Peoples' Global Action - PGA). Cette coalition annonce l'organisation d'un forum parallèle au sommet officiel qui, lui, se tiendra les 8 et 9 décembre. La PGA présentera «une analyse du pacte et une exploration des positions des divers groupes de la société civile, les syndicats et les mouvements sociaux», annoncent les organisateurs. Pour Tbel de l'AMDH, trois positions se distinguent au sujet du pacte. «La première est celle du refus du pacte, considéré comme un recul, c'est celle portée par l'AMDH et d'autres réseaux nationaux. La deuxième estime que le pacte est «une avancée» et la troisième position est médiane, considérant le «pacte comme une bonne base de travail». Pour débattre du contenu du pacte, la PGA sera également l'occasion de discuter de cinq thèmes et d'élaborer des stratégies pour renforcer les actions de la société civile collective. Lesdits thèmes sont «Les droits des migrants comme des droits pour tous», «Genre et migration», «La Cohésion sociale et d'appartenance», «Migration et développement», «La Migration et le changement climatique». «Pour mieux appréhender ces questions, la PGA 2018 abordera ces thèmes avec une approche régionale centrée sur cinq zones géographiques: l'Afrique; le Maghreb et le Moyen-Orient; les Amériques; la région Asie/Pacifique et l'Europe», expliquent les organisateurs. Et d'ajouter: «La PGA explorera les réalités dans toutes les régions, avec un accent mis sur la situation méditerranéenne, étant donné l'emplacement de la PGA cette année». Egalement, la PGA 2018 comprendra une «assemblée de convergence» entre les thèmes et domaines pour construire une vision commune et la stratégie des mouvements engagés sur la défense des droits des migrants et de leurs familles. «Cette session plénière sera facilitée par le Comité d'organisation local et le Comité international de la PGA. Les ateliers thématiques et espaces régionaux seront facilités par les réseaux thématiques et régionaux», précisent les organisateurs. D'autres réseaux comme la Plateforme nationale protection migrants (PNPM) débattra de l'accès aux droits des migrants dans les pays d'origine, de transit et d'accueil.