Une cinquantaine d'imams venus de plusieurs villes du Royaume ont protesté lundi dernier contre la mainmise de l'Etat sur les affaires religieuses. «Plus de droits» était le mot d'ordre de cette manifestation, inédite au Maroc. «Les imams des mosquées réclament liberté, dignité, justice et leurs pleins droits», clamait l'une des banderoles déployées lundi dernier devant le parlement. La manifestation a réuni quelque cinquante imams, venus des quatre coins du Royaume. «Je réclame juste mes droits», a déclaré à l'agence Associated Press (AP), l'imam Ait Lashgar Hussein, de Marrakech. Le principal mobile de la manifestation est la marge d'action jugée trop étroite, accordée par l'Etat à ces imams. Afin de préserver le culte musulman de l'extrémisme, l'Etat a en effet gardé un contrôle très strict. Le roi, investi des fonctions constitutionnelles d'Amir El Mouminine (Le Commandant des croyants) est l'autorité religieuse suprême. A ce titre, il régule la vie religieuse du pays, par l'intermédiaire du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Il intervient ainsi dans la nomination des imams, et prépare les prêches qui sont lus lors de la grande prière du vendredi. Les imams ont par ailleurs, interdiction formelle de s'écarter du texte qu'ils reçoivent, souligne AP. Parmi leurs revendications, les imams ont donc demandé la possibilité de rédiger eux-mêmes leurs prêches, ainsi que d'être consultés sur les questions religieuses. Ils ont également demandé des revalorisations salariales, alors qu'un récent communiqué du ministère des Habous annonçait une dotation financière de 541 millions de dirhams, dédiés à «l'amélioration de la situation des imams et des mosquées». Selon AP, la police aurait essayé de disperser les manifestants, et 3 d'entre eux auraient été interpellés dans des accrochages qui ont suivi l'intervention des forces de l'ordre. Selon l'agence de presse, c'est ma première fois qu'une telle manifestation est autorisée. Les forces de l'ordre auraient dispersé un précédent mouvement de protestation des imams au mois de juin. Plusieurs de ceux qui ont assisté à la manifestation de Rabat, disent avoir été intimidés par des policiers depuis cette date.