Les initiatives de solidarité se multiplient sur les réseaux sociaux après le drame de l'accident ferroviaire de Bouknadel. Après les dons du sang et les propositions d'hébergement et de covoiturage, c'est une cellule d'écoute psychologique qui vient d'être mise en place par trois spécialistes. Après le drame du déraillement du train à Bouknadel mardi 16 octobre, un groupe de psychologues a créé une cellule d'écoute et d'accompagnement pour les familles des victimes et les voyageurs traumatisés par l'accident. Le drame a fait sept morts et 125 blessés, d'après le dernier bilan du procureur général du roi auprès de la cour d'appel de Rabat. Mais en plus des blessures, ce type d'accident engendre souvent des traumatismes d'ordre psychologique. C'est pourquoi Jawad Nablaoui, El Arabi Boutboukal et Safae Bouajej, trois psychologues cliniciens, se sont mobilisés via les réseaux sociaux. Des troubles à diagnostiquer au cas par cas «Les cas que l'on rencontre ont subi un évènement traumatique, le traumatisme étant quelque chose qui dépasse la capacité compréhensive de l'individu», nous explique le psychologue clinicien Jawad Nablaoui. Les praticiens sont donc là pour «aider ces personnes à symboliser cet évènement traumatique vécu, qui provoque des réactions somatiques graves». Ainsi, toutes sortes de troubles dits «psychosomatiques» peuvent apparaître, comme des insomnies, des cauchemars, des phobies, des troubles digestifs, etc. El Arabi Boutboukal précise de son côté que ces troubles dépendent «de la structure et de la vulnérabilité psychologique de chaque personne», ainsi que des personnalités psychiques. Une prise en charge sur le long terme Les professionnels de l'écoute nous disent également qu'un bilan diagnostic est nécessaire avant d'entamer un suivi des victimes traumatisées. «Il n'y a pas d'optique thérapeutique standardisée. La réponse thérapeutique est adaptée à la personne», poursuit Jawad Nablaoui. Ce bilan permettra d'établir «le nombre de séances qu'elles doivent faire et si vraiment les cas potentiels méritent un suivi psychologique», affirme quant à lui El Arabi Boutboukal. Quant aux traumatismes plus graves comme les états de stress post-traumatiques, le suivi sur le long terme doit être doublé d'un traitement et de consultations chez un psychiatre, indiquent-ils. Ce groupe d'aide psychologique spontané a vu le jour après le témoignage poignant d'une victime sur Hit Radio partagé sur Facebook, présente au cœur du wagon accidenté. La vidéo la montre en train de pleurer et de raconter l'horreur à la vue des morts et autres blessés démembrés autour de lui. Enfin, les psychologues, qui disent n'avoir aucun lien avec l'Etat, ont déjà reçu l'appel d'une quarantaine de personnes. Ils commenceront à recevoir les victimes dès samedi. Une initiative pour le moins citoyenne qui vient compenser les lacunes de la prise en charge de l'Etat.