Dans une note d'information publiée mercredi, Amnesty international rappelle à l'ONU et à sa mission au Sahara occidental son rôle dans l'observation de la situation des droits humains. Elle indique que les prérogatives des Nations unies doivent être également remplies dans les camps de Tindouf. Observer et rendre compte de la situation des droits humains de manière «indépendante, impartiale avec une vision globale», au Sahara et dans les camps de Tindouf, c'est ce que rappelle Amnesty international à la MINURSO. Dans une note d'information rendue publique le 10 octobre, l'ONGI appelle en effet le Conseil de sécurité de l'ONU à «renforcer» cette mission, alors que ce dernier s'apprête à trancher, le 29 octobre, sur la reconduction ou non du mandat de la MINURSO. Dans ce sens, Amnesty international note que cette dernière est «la seule mission onusienne de maintien de la paix à ne pas être mandatée en matière de droits humains». Elle souligne ainsi l'urgence de mettre en place un mécanisme indépendant de contrôle de la situation dans la région, d'autant plus que «nombre de violations ont été commises de part et d'autre», par les autorités marocaines autant que par le Front Polisario. Des usages de la force par le Maroc et le Polisario L'ONGI souligne que les habitants des camps «encourent de grands risques de se voir privés de leurs droits élémentaires», sans avoir la possibilité de signaler ces abus et encore moins d'obtenir réparation. «Le Front Polisario a échoué à prendre des initiatives faisant en sorte que les responsables de ces actes soient définis, rendent des comptes et fassent l'objet de sanctions», déplore-t-elle. Ainsi, le document de l'organisation pointe du doigt les «restrictions continues à la liberté d'expression, d'association et de rassemblement» dans les provinces marocaines du sud et à Tindouf. Dans son rapport annuel de 2018, elle a d'ailleurs fait état de «violations des droits humains au Sahara occidental», notamment «l'usage arbitraire de la force» par les autorités marocaines contre les partisans de l'option de l'autodétermination. Amnesty fait référence ici aux manifestations survenues le 28 juin dernier dans les provinces du sud, au cours desquelles «la police a violemment dispersé les rassemblements». Elle évoque également des accrochages survenus en septembre dernier, après des manifestations contre l'inclusion des eaux territoriales du Sahara dans l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne. Par ailleurs, elle décrit une «situation opaque» dans les camps de Tindouf, où «l'accès à des informations et à des éléments éclairant ssur la situation des droits humains là-bas reste limité». Le Maroc refuse l'observation internationale Si Amnesty estime que la mission de l'observation de la situation des droits humains par l'ONU doit inclure les provinces marocaines du sud en même temps que les camps de Tindouf, Rabat n'est pas de cet avis. A plusieurs reprises, le Maroc a en effet soutenu que le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) était la seule instance habilitée à remplir ce rôle sur tout son territoire, à travers ses commissions régionales. Cependant, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a récemment souligné le retard que connaît le Maroc dans sa mise en place du mécanisme national de prévention contre la torture, en attente d'opérationnalisation par le CNDH justement. Le royaume, 76e Etat signataire du protocole facultatif à la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels inhumains en 2014, ne s'est toujours pas doté des moyens nécessaires à cet effet. Les recommandations d'Amnesty interviennent alors que l'avenir de la MINURSO sera connu d'ici la fin octobre. En revanche, ce n'est pas la première fois qu'une ONG internationale appelle l'ONU à remplir son rôle d'observation impartiale de la situation des droits humains dans les provinces du sud et à Tindouf. En avril 2013 déjà, Human Rights Watch avait adressé une lettre aux Etats membres du Conseil de sécurité, les exhortant à activer cette mission dans la région.