Alger a opéré un tour de vis à l'encontre des commerçants des camps de Tindouf afin d'empêcher que des quantités d'aides humanitaires, qui alimentaient autrefois les marchés de villes algériennes, n'arrivent en masse en Mauritanie. En cause, l'exode de dizaines de familles sahraouies vers Zouerate et Nouadhibou. La population des camps de Tindouf aurait répondu aux mesures annoncées par les autorités algériennes destinées à limiter l'activité commerciale des Sahraouis. Des dizaines de familles ont ainsi choisi de traverser la frontière et de tenter de trouver refuge en Mauritanie, notamment à Zouerate et Nouadhibou, rapporte aujourd'hui le site anbaa.info. Depuis début septembre, les arrivées des familles en provenance des camps ont enregistré une hausse, relève la publication en ligne. Un exode qui serait la conséquence des décisions prises par les autorités algériennes, interdisant aux véhicules transportant des marchandises et aux camions citernes de carburants l'accès à leur territoire. D'après des témoignages recueillis par anbaa.info, des commerçants se sont plaints de nouvelles taxes imposées par Alger. A cela s'ajoute le renforcement des mesures de contrôle et d'inspections des camions en partance vers la Mauritanie. Garder la main sur le commerce des aides humanitaires «Ce tour de vis opéré par les Algériens intervient dans le sillage de l'inauguration du passage frontalier Tindouf-Zouerate», nous confie une source au Sahara. «Les Algériens se sont rendus compte que l'ouverture des frontières profite également aux commerçants sahraouis, qui ont multiplié les rotations entre les camps et la Mauritanie pour vendre une partie des aides humanitaires destinées à la population sahraouie.» Par le passé, les autorités algériennes toléraient ce genre de commerce. Seulement avec l'ouverture dudit passage, la donne a complètement changé. «Les quantités d'aides détournées qui servaient autrefois à alimenter les marchés des villes comme Béchar ou Tindouf ont drastiquement diminué. Et craignant une pénurie et ses conséquences sociales, les Algériens ont vite réagi en décrétant des mesures à l'encontre des commerçants sahraouis. En revanche, les Algériens sont libres de circuler et d'emprunter le poste-frontière Tindouf-Zouerate autant de fois qu'ils le souhaitent», précise la même source. Alger a ordonné que les camions transportant des marchandises et souhaitant quitter le territoire algérien en direction de la Mauritanie soient obligés d'attendre un mois avant de pouvoir rentrer. Pour les propriétaires de véhicules utilitaires, munis de l'autorisation de sortie émise par la direction du Front, le délai est d'une semaine. Article modifié le 2018/10/09 à 20h41