L'Andalousie et la ville autonome de Melilla, quelque peu dépassées, ont maintes fois réclamé le retour des mineurs marocains dans leur pays. Une proposition contraire au droit international, qui inquiète les ONG et la gauche de l'échiquier politique espagnol. Les autorités marocaines se montrent disposées pour la première fois à prendre en charge le rapatriement des mineurs marocains qui émigrent seuls en Espagne, indique El País. Ils représentent près de 70% des 11 000 enfants et adolescents étrangers pris en charge par les communautés autonomes. Le Maroc a en effet manifesté auprès de hauts responsables des ministères espagnols de l'Intérieur, du Travail et des Migrations, sa volonté de coopérer pour le rapatriement des mineurs marocains non accompagnés entrés illégalement en Espagne, notamment auprès de Consuelo Rumí, secrétaire d'Etat aux Migrations, lors de son déplacement mardi à Rabat. L'objectif du gouvernement ibérique est de réactiver un accord bilatéral de rapatriement, promu en 2007 par Consuelo Rumí elle-même lors de son précédent mandat en tant que secrétaire d'Etat à l'Immigration et à l'émigration. La convention est entrée en vigueur en 2012 mais n'a quasiment jamais été appliquée. Le président de la Ville autonome de Melilla, Juan José Imbroda, n'a pas tardé à annoncer qu'il remettrait «dans les plus brefs délais» au ministère de l'Intérieur la liste des 400 mineurs marocains munis de leurs papiers d'identité qui se trouvent actuellement à Melilla, afin que ces derniers soient rapatriés. Le responsable s'est toutefois montré peu convaincu par l'initiative des autorités marocaines, dont il craint qu'elle ne soit qu'un simple effet d'annonce. Des «retours à chaud» sans la garantie d'un projet de vie L'Andalousie et la ville autonome de Melilla, dépassées par ces arrivées, ont maintes fois réclamé le retour des mineurs marocains dans leur pays, rappelle El País. C'est d'ailleurs l'accord de 2007 promulgué par Consuelo Rumí que les autorités andalouses veulent réactiver. «Le gouvernement doit assurer toutes les garanties [de cet accord] avec le Maroc et le parquet», a déclaré début août Susana Díaz, présidente de la Junte d'Andalousie, dont le gouvernement dépense déjà 45 millions d'euros par an pour gérer 208 centres d'accueil. «60% des mineurs qui se trouvent à Melilla arrivent avec leurs papiers d'identité. Certains traversent même la frontière avec leurs parents. Je ne cesse de me demander pourquoi, dans ces cas-là, nous sommes incapables de les retourner aux autorités marocaines.» Daniel Ventura, ministre du Bien-être social de Melilla Cette gestion des mineurs migrants semble pourtant peu conforme au droit international, qui stipule qu'un mineur non accompagné «ne peut être renvoyé que si cette démarche est accomplie dans l'intérêt supérieur de l'enfant et si une protection appropriée est disponible». Or, c'est justement ce prérequis qui inquiète les ONG espagnoles de protection de l'enfance et de défense des migrants. Fin septembre, tous les groupes d'opposition au Parlement – à l'exception du Parti populaire – ont quant à eux reproché à la présidente andalouse d'avoir proposé un «retour à chaud» des mineurs au Maroc «sans [l'élaboration de] rapports pertinents garantissant un projet de vie à ces jeunes». Podemos, Ciudadanos et Izquierda Unida ont vivement critiqué la conseillère andalouse à l'Egalité et aux politiques sociales, María José Sánchez Rubio, qui a précisé que «la présidente ne proposait pas le retour des enfants dans leur pays, mais le retour avec leurs familles [au Maroc] si toutes les garanties étaient assurées». Ciudadanos Melilla a également déclaré que «l'expulsion des mineurs au Maroc est une alternative qui n'est pas possible. La loi ne le permet pas». @luismelilla: "Hay que dejar claro que expulsar a los menores a Marruecos es una alternativa que no es posible. No se puede. La Ley no lo permite. Desde el 1º día, la CAM es automáticamente tutora de todos esos menores y responsable de todo lo que les ocurra bajo su tutela" — Ciudadanos Melilla (@Cs_Melilla_) 5 de octubre de 2018