Une Marocaine de 43 ans est priée de quitter le territoire français le plus rapidement possible. La dame était allée porter plainte pour «violences conjugales» avant d'être placée en garde à vue : elle était en situation irrégulière. Le monde associatif se mobilise pour sa défense. Une nouvelle affaire qui rappelle celle de Najlae Lhimer, tirée d'affaire par Nicolas Sarkozy. Farida Sou, une Marocaine de 43 ans, a vu rejetée, hier, lundi 19, par le tribunal administratif de Bastia, sa demande d'annulation de l'ordre d'expulsion du préfet. Elle avait porté plainte pour violence conjugale juste avant d'être, elle même, arrêtée par la police. Farida Sou projetait de se marier avec celui «dont elle était follement amoureuse». Mais voilà que son fiancé français d'origine marocaine de 54 ans est rentré de vacances avec une nouvelle élue qu'il allait désormais prendre comme épouse. La relation avec Farida tourne au vinaigre et celle-ci se retrouve avec des blessures au visage et au ventre qui ont nécessité une hospitalisation. Se sentant trahie et de surcroît brutalisée, la Marocaine arrivée en Corse en octobre 2010, se présente alors au commissariat de police pour porter plainte contre son tortionnaire pour «violences conjugales». Seulement, Farida était en situation irrégulière depuis six mois. Ce que les policiers n'ont d'ailleurs pas du tout tardé à lui rappeler avant de la placer immédiatement en garde à vue. Très vite, un arrêté du préfet de la Haute-Corse tombe pour la condamner à quitter le territoire français sans délai et à ne plus mettre les pieds dans l'hexagone pendant au moins un an ! Dépassée par les événements, Farida se ressaisit malgré tout et introduit un recours en référé pour tenter d'annuler la décision du préfet, prise le jeudi 15 septembre dernier. Hier lundi 19, elle était présentée devant le tribunal administratif de Bastia avec ses avocats, soutenue par des associations, dont le Réseau éducation sans frontières (RESF). Si à l'issue de l'audience, la dame a retrouvé la liberté, le tribunal a toutefois classé sans suite l'histoire des «violences conjugales» et a rejeté sa demande d'annulation de la décision préfectorale ordonnant son expulsion du territoire français. Une Najlae Lhimer bis Une victoire en «demi-teinte» que les nombreuses associations qui soutiennent Farida considèrent comme «une injustice». «En tant que citoyenne je trouve lamentable qu'une femme qui porte plainte pour violences n'ait pas droit au statut de victime. Elle faisait confiance à la justice française et se retrouve expulsée» a confié une représentante du RESF. Farida doit en effet quitter la France sans délai, avec ses propres moyens. A moins que les plus hautes autorités françaises n'interviennent pour la tirer d'affaire, comme ce fut le cas pour une certaine Najlae Lhimer l'année dernière. Cette lycéenne en situation irrégulière avait été expulsée de France après s'être présentée à la police pour porter plainte contre son frère qu'elle accusait de violences physiques. L'affaire avait fait grand bruit et nécessité l'intervention du président français Nicolas Sarkozy pour faire revenir la jeune marocaine en France. Après Najlae, c'est au tour de Farida. L'histoire semble se répéter...