Lors des manifestations organisées dimanche devant plusieurs académies régionales du royaume, les enseignants contractuels ont revendiqué l'insertion directe dans la fonction publique. Un mécontentement qui rappelle les rapports du CESE et de la Cour des comptes sur ce type de recrutement. Après plusieurs mois de mobilisation, les enseignants contractuels continuent d'exprimer leur colère à travers des sit-in et des manifestations. Les dernières en date ont été organisées dimanche devant plusieurs Académies régionales d'éducation et de formation (AREF), couvrant différentes régions du royaume. Au cœur des revendications de ces enseignants : rompre avec le recrutement par contrat à durée déterminée. Rappelez-vous, cette mesure ayant été prise par le ministère de l'Education nationale sous le mandat de Rachid Belmokhtar est encore critiquée par les contractuels. Ce derniers réclament leur insertion directe dans la fonction publique. Ainsi, devant plusieurs académies régionales, les manifestations auraient été interdites par les forces de l'ordre. A Tétouan notamment, le sit-in a toutefois eu lieu, comme le rapporte nos confrères d'Alyaoum 24. Il fait suite à d'autres formes de protestation, organisées les 29 et 30 août derniers. La situation alarmante des ressources humaines du ministère de l'Education nationale a fait l'objet de plusieurs critiques. En effet, la dernière en date est celle publiée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Dans son rapport annuel de 2017, publié mercredi, l'institution a dressé un tas de dysfonctionnements dans ce secteur-clé, notamment la gestion des ressources humaines qui constitue une «réelle problématique». Un recrutement critiqué par le CESE et par la Cour des comptes Le document fait état du chamboulement de la carte scolaire, principalement dû au «recours au recrutement des enseignants contractuels pour combler le déficit dans certaines académies». Il estime par ailleurs que «le recours au recrutement de 24 000 enseignants contractuels renvoie à la persistance d'un déficit de gouvernance du secteur». «En effet, en temps normal, la formation des enseignants assurée par les Centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation (CRMEF) dure à peu près un an ; les nouvelles vagues d'enseignants contractuels disposant d'une formation de moins de trois mois prenant la forme de sessions de formation dispensées entre la date de leur recrutement et leur prise de fonction effective.» Rapport du CESE Ces conditions ne permettent pas à l'enseignant d'acquérir les compétences pédagogiques et didactiques nécessaires pour l'exercice de son métier, pour se familiariser avec les techniques d'apprentissage en vigueur et pour comprendre les enjeux de la réforme en cours, selon le rapport. Celui-ci pointe du doigt un «usage annuel de cette opération de recrutement hâtive [qui] pourrait avoir par conséquent des incidences peu favorables sur les résultats escomptés». Bien que le processus de formation des enseignants ait été réformé en 2007, «la qualification du corps enseignant reste en dessous de la moyenne», conlcut-il. De son côté, la Cour des compte a déjà pointé du doigt les failles du secteur de l'Education nationale dans son rapport annuel au titre des années 2016 et 2017. Les magistrats de Driss Jettou ont estimé que le ministère de tutelle «n'a pas pu combler le déficit en ressources humaines au début de la rentrée scolaire 2016/2017, ce qui l'a contraint à engager plusieurs actions pour le recrutement des enseignants contractuels, mais tardivement». Par conséquent, la précédente rentrée scolaire en a fortement été perturbée. Mais en attendant que le gouvernement et les enseignants contractuels parviennent à trouver un terrain d'entente et face à la persistance de l'exécutif à recourir aux contrats à durée déterminée pour combler le déficit, la colère des enseignants impactera sans doute l'année scolaire qui vient de débuter.