L'ambassade de France a fait appel à des vacataires pour combler le déficit de profs d'arabe, notamment au lycée Lyautey. Les écoles publiques sont, elles, surchargées, faute d'enseignants disponibles. La faiblesse de l'enseignement au Maroc n'a pas épargné les écoles de la mission étrangère qui étaient considérées comme un dernier rempart face à la médiocrité. Pour cause, l'enseignement de la langue arabe laisse à désirer, voire n'est plus assuré depuis la rentrée scolaire. Du moins, c'est le cas au lycée Lyautey de Casablanca, au grand dam des associations de parents d'élèves. Les 23 classes de la 6e à la 3e n'ont toujours pas de professeurs d'arabe. Or, pour passer l'épreuve du baccalauréat ou les différents concours des grandes écoles au Maroc, ces élèves seront toujours confrontés à une langue qu'ils ne maîtrisent pas. Cette situation, qui atteint son paroxysme en cette rentrée 2016-2017, ne date pourtant pas d'hier. Cela fait des années que les parents d'élèves ne cessent d'attirer l'attention sur le niveau en langue arabe de leurs enfants qui se dégrade d'année en année. Quant à la direction du lycée, elle répond que la responsabilité incombe au ministère de l'Education national marocain qui, pour sa part, met en avant le manque d'enseignants. Contactée par Les Inspirations ECO, une source de l'ambassade de France, à Rabat, affirme que les contacts sont permanents avec le ministère de l'Education. Notre source précise qu'il y a une convention entre l'ambassade et le ministère sur l'enseignement de l'arabe qui consiste à mettre à disposition des écoles de la mission des professeurs d'arabe. «Pour cette année, il y a 220 postes pourvus par le ministère, dont 40 postes à renouveler. Le ministère en a pourvu 27, mais il en manque toujours 13 dont 6 au niveau du lycée Lyautey», souligne notre source. Certes, deux campagnes de recrutement avaient été lancées en juillet et en septembre mais cela n'a pas été suffisant. L'ambassade n'est pas restée les bras croisés puisqu'elle a fait appel à des vacataires pour combler le déficit en enseignants de l'arabe et financer les heures supplémentaires de certains professeurs. Cette situation n'est pas le propre des écoles de la mission, la rentrée scolaire dans l'école publique marocaine est encore pire. Plusieurs établissements pont été confrontées au manque d'enseignants à telle enseigne que l'on s'est retrouvé avec des classes de 40, voire 50 élèves. Tous les plans d'urgence et autres chartes et programmes d'amélioration n'ont pas suffi à redonner à l'école marocaine son éclat d'antan. Le Syndicat national de l'enseignement, affilié à la CDT, vient justement de se fendre d'un communiqué où il est question de «sauver l'école publique». Il exhorte le département de tutelle à prendre des mesures pour combler le manque flagrant en matière de ressources humaines. Le même syndicat fait savoir que le ministère aurait bien saisi cet appel au secours et entreprend de lancer dans les prochains jours un concours de recrutement au profit des professeurs licenciés et des lauréats du programme 10.000 cadres éducatifs. Face au constat d'échec de ne pas pouvoir garantir une rentrée des classes normales, le ministère se voit donc obligé d'agir encore une fois dans l'urgence. Une source ministérielle nous a confié que deux appels à candidature ont été lancés par le ministère de l'Education en juillet et en septembre. Mais visiblement, il n'y a pas eu suffisamment de candidatures. Ce qui aurait contraint le ministère, selon notre source, de recourir à des appels à candidature au niveau régional. La même source tenait à préciser que le manque d'enseignants d'arabe concerne quatre académies, dont Casablanca. Récemment, le Syndicat national de l'enseignement, la Ligue de l'enseignement privé au Maroc et la Ligue nationale de l'enseignement ont observé des sit-in communs au niveau régional. Bien que des villes comme Casablanca et Rabat n'aient pas été exemptes d'une rentrée approximative, c'est surtout dans les régions que l'impact a été plus durement ressenti avec des classes de plus de 60 élèves. Dans la foulée, plusieurs enseignants se sont trouvés dans l'obligation d'enseigner dans plusieurs établissements pour combler le vide. Certaines matières ont tout bonnement été sacrifiées comme l'anglais, l'espagnol, l'allemand et l'informatique. Et ce ne sont pas uniquement les profs qui font défaut. Dans certaines régions, des rapports font état de manques dans les ressources humaines administratives, les cadres éducatifs assistants, les agents de service, de surveillance et d'hygiène..., la liste est très longue. Dans cette configuration, le ministère se trouve face à une accumulation de retards et de dysfonctionnements qui montent à la surface et l'oblige d'agir pour sauver la mise. L'on ne parle ici même plus de la qualité d'enseignement, slogan qui a longtemps caché l'incapacité du gouvernement à réformer le secteur. Aujourd'hui, les parents d'élèves veulent d'abord des conditions plus ou moins décentes pour que leurs enfants ne rebutent pas définitivement l'école. Absentéisme : une cerise amère sur le gâteau ! Comme si le manque d'enseignants ne suffisait pas, l'absentéisme complique encore plus la situation. Selon un récent rapport de la Commission internationale sur le financement des opportunités d'éducation dans le monde, le Maroc perd chaque année 1,2 MMDH à cause de l'absentéisme des enseignants dans les écoles. Cela correspond à 0,1% du PIB national. Ainsi pas moins de 20% du temps d'enseignement sont perdus chaque année à cause de ce phénomène. Le taux d'absentéisme qui est de 7,5% a été qualifié d'élevé, comparativement à 17 autres pays à revenus faibles ou intermédiaires. Par ailleurs, le même rapport explique que les employeurs estiment que seuls 20% des diplômés embauchés étaient bien préparés pour entrer dans le marché du travail.