Après l'Iran, des voix au Maroc couvre d'éloges les positions hostiles de John Bolton à l'égard de la Cour pénale internationale. Un autre appel du pied en direction de la Maison blanche. A l'instar des Etats-Unis, le royaume n'a pas ratifié le traité de Rome instituant la CPI. L'engagement total du Maroc dans la politique anti-Iran de l'administration Trump n'aura pas suffi. Officieusement, le royaume chercherait d'autres points d'accord avec les Etats-Unis. Les récentes attaques du 10 septembre, de John Bolton contre le fonctionnement de la Cour pénale internationale, au point de la menacer de «sanctions» en cas d'ouverture d'enquêtes sur des bavures commises par les soldats américains en Afghanistan, ont apporté de l'eau au moulin des canaux officieux de la diplomatie marocaine. Ne faisant pas dans la dentelle, le conseiller à la sécurité nationale américaine a estimé que la CPI était «une cour inefficace, irresponsable et carrément dangereuse». Des propos tenus à l'occasion d'un discours prononcé devant la Société Fédéraliste (Federalist Society), une organisation de conservateurs et de libertaires américains, qui souhaitent réformer le système législatif aux Etats-Unis. Donner raison à John Bolton Saisissant la balle au bond, Ahmed Charai, patron de presse au Maroc et membre administrateur d'un think-tank aux Etats-Unis, a publié une tribune en anglais sous le titre révélateur : «La Cour pénale internationale : une expérience ratée».Il affirme que la CPI est une «institution imparfaite». L'auteur rappelle que plusieurs pays, à l'instar des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et d'Israël, n'ont pas adhéré à la Cour. Il mentionne également les réserves émises par l'Union africaine, soulignant le refus de l'ensemble des Etats du continent d'appliquer le mandat d'arrêté international lancé, en 2009, par l'ancien procureur général de la CPI contre le président soudanais Omar el-Béchir. Celui-ci participe d'ailleurs à tous les sommets de l'Union africaine. L'alignement de Charai sur les positions de Bolton à ce sujet est sans équivoque, mais le Marocain se démarque de l'Américain en louant les expériences de justice transitionnelle au Maroc avec l'Instance équité et réconciliation (IER) et en Afrique du sud avec la Commission Vérité et réconciliation. Cette contribution est publiée le 19 septembre, soit seulement deux jours après la réunion entre Mike Pompeo et Nasser Bourita tenue au siège du Département d'Etat. Un timing bien choisi pour ce nouveau message à l'adresse de la Maison blanche. Pour rappel, le royaume n'est pas membre de la Cour pénale internationale, même si l'ancien Premier ministre, Abderrahman El Youssoufi, avait signé le 8 septembre 2000 le traité de Rome instituant cette juridiction. Le Maroc n'a jamais franchi le pas de sa ratification.