A la chambre de première instance près la cour d'appel de Béni Mellal, douze parmi les mis en cause dans l'affaire de Khadija O. comparaissent devant le juge d'instruction. De lourdes charges sont retenues contre eux. Ayant suscité l'émoi après des photos révélées sur son cas, Khadija O., une mineure de 17 ans qui aurait été violée collectivement et torturée, sera entendue jeudi par le juge d'instruction à la chambre de première instance près la cour d'appel de Béni Mellal. L'audience prévoit également la comparution de ses douze violeurs présumés. Ils seront entendus sur les faits leur étant reprochés, d'autant plus qu'ils font l'objet de poursuites avec de lourdes charges. 12 poursuites pour traite des êtres humains Selon les représentants de la partie civile, le tribunal de Béni Mellal retient plusieurs chefs d'accusation, dont la «traite des êtres humains envers une personne de moins de 18 ans, détournement de mineur, enlèvement et séquestration, menace de mort avec usage d'arme blanche, mauvais traitements et torture ayant conduit à une incapacité permanente et à un traumatisme psychique». Brahim Hachane, avocat et coordinateur volontaire du volet judiciaire de ce dossier, nous confirme que l'un des deux «meneurs», selon Khadija, serait un homme de 28 ans qui l'aurait «enlevée, séquestrée et monnayé les sévices sexuels dont elle a fait l'objet». Egalement membre de la section locale de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Souk Sebt, Me Hachane indique à Yabiladi que le concerné aurait touché «50, 100 DH, ou encore reçu des drogues et de l'alcool contre les rapports sexuels forcés que subissait Khadija». Il nous explique aussi que l'homme aurait été aidé par «un deuxième suspect principal». Il s'agit d'«un dealer connu dans le village», qui aurait notamment «mis le lieu où se sont déroulés les faits à la disposition des prévenus». Ainsi, les douze mis en cause sont également poursuivis pour «constitution d'une bande criminelle, organisation et supervision d'un enlèvement, séquestration et viol de mineur ayant conduit à une défloration». Hormis les deux suspects principaux, dix prévenus font l'objet de poursuites pour «non-assistance à une personne en danger et non-signalement de crime», en plus des autres chefs d'accusation. Les avocats se préparent au procès Alors que le nombre d'avocats et d'associations se portant partie civile dans cette affaire n'a pas été arrêté, Brahim Hachane nous indique avoir été contacté «par plusieurs confrères désireux de prêter main forte à Khadija». Ils rejoindront certainement l'avocat qui attend l'audience fermée de ce jeudi. «A la fin de notre passage devant le juge d'instruction, le tribunal tranchera en fonction de l'état psychique et de la situation de Khadija, pour tenir ou non la suite des audiences publiquement ou à huis clos», nous précise Me Hachane. Pour sa part, Bouchra Abdou, présidente de l'association Tahadi s'étant également portée partie civile, a précédemment rappelé à Yabiladi que la victime présumée traversait une situation difficile. «Elle a besoin d'un psychologue spécialisé pour qu'elle puisse parler ouvertement de ce qui lui est arrivé, sans caméras autour d'elle», nous a déclaré la militante. Article modifié le 04/09/2018 à 14h07