Dans «Confidences à Allah», Saphia Azzeddine lance un appel envers ces esprits fanatiques qui attaquent les femmes, en vue de détruire leur image. L'écrivaine prend la peine de répondre à ces attaques afin de réhabiliter la place des femmes au sein de notre société. Ce roman est un cri de colère contre le mépris que l'on réserve aux femmes. La romancière décèle point par point ce dédain tout en opposant à chaque point un argument pertinent. D'abord, les femmes, dans le roman, sont qualifiées d'«Impures» parce qu'elles ont leurs règles chaque mois. Néanmoins, c'est grâce à ces règles que la femme arrive à enfanter, souligne la romancière. De la sorte, ce sont ces règles qui sont à l'origine de l'existence de ces hommes accusant les femmes d'être souillées. Ensuite, on qualifie dans le texte les femmes de source de débauche, et on les condamne conséquemment à être voilées puisqu'elles demeurent responsables de la séduction des hommes. «Dites à vos épouses d'abaisser leur voile sur leur poitrine» : c'est le verset qu'on nous sort à chaque fois pour justifier la nécessité de porter le voile par les femmes. Là, l'auteure se demande : c'est la poitrine qui doit être dissimulée, donc «quel rapport avec les cheveux ?». Puis ces femmes, en vue d'être vertueuses, doivent être «obéissantes et soumises à leurs maris». Toutefois, si ces maris sont des despotes, les femmes doivent-elles leur obéir aussi ? Pour l'auteure, la femme doit certes se montrer «obéissante et soumise» mais «à [Allah]. Uniquement». Schizophrénie sociale Saphia Azzeddine ne remet pas en cause l'existence d'Allah ou ceux qui croient en Lui, loin de là ! Elle pointe du doigt tous ces détritus de la société qui prennent Allah pour témoin en vue de justifier leurs abominables actions. L'auteure dénonce dans ce texte tous ces esprits qui trouvent refuge dans la religion afin d'opprimer autrui ; la femme en tête de liste. Faute de retrouver la gloire par des actions plus honorables, c'est dans la religion que ces personnes se lancent pour se réaliser, au profit des femmes. Pourtant, au paroxysme de leur hypocrisie, l'écrivaine nous dévoile que ce sont ces gens-là qui demeurent les premiers à succomber à la tentation du Vilain. Les premiers à être reçus comme clients par les prostituées. Les premiers à exploiter sexuellement leurs employées se trouvant dans des situations de précarité. C'est ainsi que la romancière nous décrit ces obscurantistes religieux qui sont à l'origine de la discrimination vis-à-vis des femmes. Une écriture violente C'est donc à tous ces fanatiques et fondamentalistes «qui ne savent ni lire ni écrire (…), [qui] sont des dangers publics» et prétendent «représenter Allah sur terre», que l'auteure s'adresse. Ce qu'elle leur reproche surtout, c'est l'usage intéressé et dissolu de la parole divine. Pour ce faire, la romancière fait appel à une langue rude et à un vocabulaire offensif. Dans un tel contexte, à quoi bon embellir les termes pour exposer une situation bien moins scintillante. Ce roman est un véritable électrochoc de l'esprit. On n'en ressort pas indemne. L'écriture est intentionnellement crue, temporairement dérangeante pour d'aucuns, mais la réalité de la vie des femmes ne l'est-elle pas ? «Confidences à Allah», Saphia Azzeddine, Ed. J'ai Lu (2012), 126 pages