Après l'éclatement de l'affaire de viol de Khadija à Oulay Ayad au Maroc, la famille de la victime ainsi que celles de présumés agresseurs ont livré leurs versions des faits. L'histoire de Khadija qui aurait été violée, torturée et séquestrée pendant plus de deux mois à Oulad Ayad (région de Béni Mellal-Khénifra) par au moins 13 jeunes, a ému toute la toile. Depuis que l'affaire a été dévoilée par l'association Tahadi pour l'égalité et la citoyenneté, qui s'est porté partie civile, chacune des parties a livré sa version des faits. Par médias interposés, la famille de la victime ainsi que celles des agresseurs démontent les versions apportées par chacun. Dans une interview accordée à Chouf TV, Khadija racontait l'horreur des deux mois où elle dit avoir été captive. Si la victime présumée a déclaré avoir été kidnappé, durant le mois de Ramadan par «des inconnus armés», la mère d'un des présumés violeurs affirme que c'est elle «qui venait souvent frapper à (leur) porte, pour savoir si (leur) fils était là». «C'est elle qui voulait» De son côté, Khadija affirme avoir était emmené de force dans un endroit qu'elle ne connaissait pas. Elle explique avoir été d'abord violée par un de ses ravisseurs, qui se serait fait payer par les autres agresseurs. Durant ces deux mois, la jeune fille raconte avoir été brûlée avec des cigarettes, mutilée par objets tranchants et tatouée alors qu'on l'avait drogué. «Je me suis réveillée, et ma main était enflée», se souvient-elle en évoquant les nombreux tatouages, sur son bras, sa nuque et ses jambes. Cependant, la mère d'un des présumés agresseurs affirme que la jeune fille avait fugué et que sa réputation la précédait : «ici tout le monde sait qu'elle fume, qu'elle boit et qu'elle se brûlait avec les mégots de cigarette». Selon ses dires, «c'est elle qui voulait se tatouer, elle leur demandait de la tatouer, mais personne ne l'a obligé». Par ailleurs, elle ainsi qu'un autre parent d'un des présumés agresseurs affirment que la jeune fille «menait une vie de débauche... elle fumait, buvait et se droguait». Pire encore, elle affirme que c'est sa mère qui la forçait à se prostituer. «Si elle est vraiment victime, j'aurai emmené moi-même mon fils au commissariat et je l'aurais défendu.. mais c'est elle qui voulait», conclût-elle. En outre, les familles des présumés agresseurs prétendent que la victime aurait été encouragée par des associations pour passer aux aveux. Contactée par Yabiladi, Naima Ouahli, présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Souk Sebt a déclaré vouloir que justice soit faite. «Qu'ils soient jugés de façon équitable bien évidement, et puis s'ils ne sont pas coupables, la justice les innocentera», nous indique la militante. L'association a suivi l'affaire et s'est entretenue avec la victime présumé, qui présentait des «séquelles physiques et psychologiques», nous précise Naima Ouahli. «Nous avons écouté sa version des faits, et si on aurait pu, nous nous serions également entretenus avec ses présumés agresseurs», nous explique-t-elle. Et d'ajouter que «quand bien même la victime serait partie avec eux de son plein gré, ce que nous dénonçons, ce sont les multiples violences qu'on lui a fait subir». Depuis l'éclatement de cette affaire, neuf des présumés agresseurs ont été interpellés par la police, qui est actuellement à la recherche des autres agresseurs. Son cas a bouleversé de nombreux internautes qui ont dénoncé les agressions qu'elle a subi sous le hashtag #JusticepourKhadija. Affecté par l'affaire de Khadija, un professionnel maroco-tunisien a proposé son aide pour détatouer la fille de 17 ans. Article modifié le 27/08/2018 à 19h11