C'est presque en silence que le PAM a commémoré aujourd'hui ses dix ans d'existence. Un anniversaire qui aurait pu passer inaperçu si ce n'était la publication d'une lettre de son bureau politique. C'est dans un contexte très particulier que le Parti authenticité et modernité (PAM) fête, ce mercredi, ses dix ans d'existence sur la scène politique marocaine. Force est de constater qu'un fossé abyssal sépare l'annonce, le 8 août 2008, de la création du Tracteur avec aux commandes un certain Fouad Ali El Himma, alors député, et la situation dans laquelle vit le parti aujourd'hui. Il y a une décennie, l'ambition était de «réconcilier les Marocains avec la politique», notamment après le record d'abstention enregistré lors des législatives de septembre 2007 avec 63% des Marocains ayant boudé les urnes. Un objectif raté pour les PAMistes alors que la défiance des citoyens envers les partis politiques persiste et s'accroît. Cinq secrétaires généraux en dix ans, un record d'instabilité Au niveau organisationnel, le PAM peut se targuer de détenir le record d'instabilité au Maroc. En dix ans d'existence, il a connu le passage de cinq secrétaires généraux : Hassan Benaddi, Mohamed Cheikh Biadillah, Mustapha El Bakkoury, Ilyass El Omari et Hakim Benchemmach. Les conditions de l'élection, en mai dernier, du président de la Chambre des conseillers, a ancré davantage l'image d'un parti où les grandes décisions sont prises en dehors de ces instances. «La création du Parti de l'Authenticité et la Modernité n'était pas le fruit d'une gestion artificielle. Il n'est pas un outil pour acter des régressions de notre pays dans le domaine de la transition et la consolidation de la démocratie (…) le Parti de l'Authenticité et la Modernité a acquis, depuis sa constitution jusqu'à aujourd'hui son sens, son existence et sa finalité en tant offre politique au service du projet social démocratique et moderniste», se défend le bureau politique du Tracteur dans une lettre publiée ce mercredi. Par ailleurs, l'élection de Benchemmach n'a pas, pour autant, mis un terme aux divergences et problèmes d'égos entre les cadres du parti. La prochaine rentrée politique verra, sans doute, une autre dispute pour le contrôle de certains départements clés au sein du parti au Tracteur, telles les présidences du groupe à la Chambre des conseillers et l'association des élus. Mais en ces 10 ans de vie, s'il y a un point où le PAM a réussi à se démarquer des autres formations c'est, sans doute, la place accordée à la femme dans les instances élues. Nombreuses sont les élues du Tracteur ayant présidé, entre 2009 et 2015 de grandes communes, notamment à Marrakech où le fauteuil de la mairie était occupé par Fatima-Zahra El Mansouri.