«Femmes au purgatoire» de Souad Mekkaoui (Eddif Maroc/166 pages) relate le parcours d'une femme qui cherche à changer sa condition, à se frayer un chemin vers une vie saine et indépendante mais qui n'y arrive pas à cause de la mentalité machiste de la société. C'est l'histoire d'une femme faisant partie d'un milieu très modeste qui n'a plus que son corps pour faire vivre sa famille. Nonobstant, c'est un métier qui va finir par souiller sa notoriété. Nabila décide donc de partir vivre à Agadir chez une amie, en vue de fuir la mauvaise réputation qu'on commence à lui coller à la peau. Une fois là-bas, Nabila va faire la rencontre de sa vie. Il s'agit d'un jeune homme, Mehdi, dont Nabila tombe follement amoureuse et décide illico de s'installer chez lui. Pour la première fois, Nabila devient «une maîtresse de maison» et se sent enfin en «sécurité grâce à un homme qui l'avait pris sous son aile». Nabila nage dans le bonheur. Un bonheur éphémère Pourtant, la rencontre avec l'hajja, la mère de Mehdi, va très mal se passer. Cette dernière n'apprécie pas de voir une femme étrangère circuler en pyjama chez son fils. La relation s'avère très tendue entre les deux femmes, et Mehdi, qui en souffre beaucoup, finit par épouser Nabila en vue d'accorder à leur relation un statut officiel. Cependant, Nabila va être rejetée par sa belle-famille, et le fils qu'elle donnera à Mehdi ne va pas réussir à arranger la situation. En fait, ce qui est nouveau dans ce roman de Souad Mekkaoui, c'est que ce n'est plus la discrimination sexuelle émanant d'un homme qui entrave le bonheur de Nabila. Ce sont plutôt la belle-mère et les belles-sœurs qui refusent d'accueillir Nabila dans leur famille, à cause de son passé. Cette façon de penser oblige Nabila à se retirer de la vie sociale pour s'isoler dans le noir. Finalement, l'esprit myogène n'est pas exclusivement l'apanage des hommes. Hommage à Amina Filali Par moments, on croit que le destin de cette femme qui a quitté sa ville d'origine pour venir s'installer à Agadir, et commencer une nouvelle vie avec l'homme qu'elle a choisi, finira par retrouver la paix. Néanmoins, le lecteur se rend compte ultérieurement que c'est une affaire presque chimérique au sein d'une société qui sombre encore dans la misogynie. L'hommage rendu à Amina Filali au tout début de l'ouvrage questionne le lecteur à propos de la structure d'une société patriarcale où les femmes sont aussi responsables de cette discrimination sexuelle que d'autres femmes, qui le payent très cher.