L'écrivain et botaniste italien Umberto Pasti est connu pour ses nombreux ouvrages sur le monde botanique. Mais son plus bel exploit est le jardin Rohuna qui surplombe Tanger. Umberto Pasti est arrivé au Maroc il y a plus de 30 ans. Plus qu'une petite escapade estivale, c'est ici que l'écrivain jardinier italien réalisera son rêve et façonnera le paysage vert de Tanger. Dans la Citadelle, il a construit Rohuna, un havre de paix où il conserve des plantes du terroir marocain qui sont menacées d'extinction. Arrivé à Tanger, ce natif de Milan est tout de suite tombé amoureux de la ville. Au New York Times, il raconte s'être «endormi sous un figuier et fait un rêve étrange», après une longue marche sur les collines de Tanger. Il se réveilla alors avec une seule idée : se faire construire un jardin. Les enchères se feront entre une vingtaine de personnes, mais après plus d'une centaine de rencontres avec les adouls, il obtiendra le terrain de ses rêves. Umberto Pasti dans sa demeure à Tanger./Ph.DR Son père, mort peu de temps avant l'arrivée de l'écrivain à Tanger, lui lèguera une petite somme, avec laquelle il entreprend son projet. Il se fera aider par les habitants des villages mitoyens et embauchera, au total, plus de 600 personnes. Les travaux étaient gros, mais indispensables pour façonner un jardin digne de l'Eden. Construire une piste, ériger des murs, bâtir trois maisons, transporter des tonnes de terres arables, tout cela prendra des années. Umberto Pasti raconte que celles-ci ont été bien rudes et fatigantes. Mais le résultat est là et la cause est noble. Car le vrai combat d'Umberto a été de sauver des milliers d'espèces végétales locales. Il raconte comment ces plantes l'ont effectivement fasciné, dès son arrivée dans la ville : «Les plantes et les bulbes comme l'Iris tingitana (iris de Tanger) étaient partout. A seulement quelques kilomètres de la ville, on peut apprécier les grands champs de celui-ci. J'en ai été frappé.» Des plantes locales sauvées in extremis 20 ans plus tard, Rohuna reste un paradis d'arbres d'ombrage, de verdure enchevêtrée et de fleurs en forme de bijoux à perte de vue, sur des terrasses reliées par des méandres de pierre, décrit Clare Foster, journaliste au House & Garden. Cette verdure est composée de roses damassées, de lys de Madonna, d'iris pallida (Iris de Dalmation), Dietes iridioides (lys de quinzaine), de tithonia, de roses trémières, d'œillets et de géraniums. Umberto Pasti ne cultive que «des végétaux menacés par l'urbanisation qui défigure le nord du Maroc, arrachés aux mâchoires des pelleteuses et des bulldozers». Ainsi, on retrouve également dans ce jardin des grands oliviers à perte de vue, des chênes verts, des fraises, des viornes et des figuiers. De plus, ce projet a grandement aidé la population locale. Avant l'édification de ce coin de paradis, les femmes du village devaient marcher plus de trois kilomètres pour chercher de l'eau à la source. Dans son jardin, Umberto Pasti a creusé un puit de 90 mètres de profondeur et l'a rendu accessible à tous. Ce jardin auquel Umberto Pasti a consacré sa vie l'a inspiré pour ses nombreux ouvrages traduits dans plus de cinq langues. Grâce à lui, la région et sa végétation typique sont connues internationalement. Un projet essentiel qui gardera à jamais son empreinte dans la Citadelle. Article modifié le 21/07/2018 à 20h52