Ce dimanche, les manifestants ont massivement participé à une marche nationale en solidarité avec les détenus du Hirak et leurs familles. Le mouvement Al Adl Wal Ihsane y a pris part, après son absence du précédent rassemblement à Casablanca. Marche de soutien au Hirak, tenue à Rabat le 15 juillet 2018 / Ph. Youssef Dahmani - Yabiladi Marche de soutien au Hirak, tenue à Rabat le 15 juillet 2018 / Ph. Yabiladi Marche de soutien au Hirak, tenue à Rabat le 15 juillet 2018 / Ph. Yabiladi Marche de soutien au Hirak, tenue à Rabat le 15 juillet 2018 / Ph. Yabiladi Une semaine après la marche nationale de Casablanca en soutien aux détenus du Hirak et à leurs familles, les manifestants ont répondu à l'appel d'un rassemblement, tenu ce dimanche à Rabat. Cette nouvelle marche a été marquée par la participation du mouvement Al Adl Wal Ihsane (AWI), après son absence de celle du dimanche dernier. Ont également été présents, les partis de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), la Voie démocratique, des syndicats, des associations culturelles, politiques et d'autres de droits humains. Répondre à l'appel des familles des détenus Lors de cette marche, les manifestants ont scandé des slogans dénonçant les lourdes peines auxquelles ont été condamnés les militants du Hirak du Rif, le 26 juin dernier. Ils ont également appelé à la remise en liberté des détenus du Hirak et à la levée de bouclier sur la région du nord du Maroc. Mohamed Abbadi, secrétaire général du mouvement islamiste, a affirmé dans une déclaration à Yabiladi que la participation de la Jamaâ est un «expression de soutien aux détenus, d'autant plus que le Maroc est devenu une prison à ciel ouvert, où les citoyens n'ont plus leur dignité». Il estime ainsi qu'«il faut exiger ses droits à une justice sociale». Il nous informe aussi que les autorités locales auraient empêchés «beaucoup de bus et de voitures» d'arriver à Rabat pour prendre part à la marche, ajoutant que «c'est une répression flagrante». De son côté, Abdeslam Laâziz, secrétaire général du Conseil national ittihadi (CNI), parti membre de la FGD, indique à Yabiladi que le rendez-vous d'aujourd'hui est «une continuité de la mobilisation des forces démocratiques et progressistes, ainsi que du peuple marocain, aux côtés des familles des détenus du Hirak». Pour notre interlocuteur, «cette marche est surtout un appel à la remise en liberté des détenus de tous les mouvements sociaux et surtout ceux du Rif». Le numéro 1 du CNI considère que «la réponse de l'Etat doit être celle des actions sur le plan économique, social et des droits humains, car à travers l'histoire de tous les peuples, l'approche sécuritaire n'a jamais été une solution aux grandes questions de débat public». Si l'association AWI a participé à ce rassemblement, Abdeslam Laâziz tient à rappeler que «la FGD n'a pas coordonné avec la Jamaâ» et que «la fédération a répondu à un appel, celui des détenus et de leurs familles». Maintenir l'union populaire Présent à la marche de ce dimanche, le mouvement Anfass démocratique a participé dans le cadre d'une large alliance associative, à travers le Front civil pour le soutien aux mouvements sociaux. Mounir Bensalah, membre de ce mouvement nous l'explique : «Le mouvement a participé à cette marche avec une alliance associative, regroupant plus 150 associations sous la bannière du 'front civil de soutien aux mouvements sociaux'. Nous avons rendu hommage aux familles et avons montré notre solidarité avec les détenus.» Manifestation à Rabat en soutien aux détenus du Hirak et à leurs familles, 15 juillet 2018 / Ph. Front civil pour le soutien aux mouvements sociaux Ce rassemblement a été l'occasion pour des militants d'appeler à l'union populaire, en gardant les mêmes priorités de combat. C'est notamment l'avis d'Abdellah El Harrif, membre du parti de la Voie démocratique. Il déclare à Yabiladi que ce rassemblement est «un appel à la raison». Et d'ajouter : «Il y en a assez de la répression, du harcèlement, des procès et des condamnations à l'encontre de militants, d'organisations politiques, syndicales et associatives.» Par ailleurs, la manifestation de ce dimanche a été marquée par une large participation d'associations du Mouvement amazigh. L'activiste Ahmed Dgharni souligne que «marcher aujourd'hui est un message d'union autour de la volonté populaire, abstraction faite des origines et des idéologies de chacun». Le militant amazigh précise que «personne n'est exclue dans cette démarche, pour dire non à l'autoritarisme et oui à la liberté». Historien et militant, Maâti Monjib a, pour sa part, déclaré à Yabiladi que «l'intérêt de ce grand rassemblement est d'appeler à la remise en liberté de tous les prisonniers d'opinion, ainsi que les journalistes détenus actuellement». Le syndicaliste et ancien président de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Abdelhamid Amine ajoute qu'«il s'agit là de continuer le combat pour la libération de tous les détenus politiques, porté par le peuple marocain à travers le Mouvement du 20 février et avec toutes ses tendances». Quelques participants n'ont pas pu joindre la marche Sur le circuit de la manifestation, la présence des forces de l'ordre a été apparente, mais il n'y a pas eu d'accrochages au cours de la marche. Si celle-ci s'est déroulée normalement, des interdictions auraient été enregistrées ailleurs. Peu avant le début de cette manifestation, son comité d'organisation a d'ailleurs publié un communiqué pour alerter sur des situations de «harcèlement» de la part des autorités. En effet, les participants venus de certaines régions ont été interdits de s'organiser pour le transport, afin de rejoindre le rassemblement. Depuis l'Europe où il s'est exilé après une condamnation à son encontre, Abdessaked El Bouchtaoui, ex-avocat des détenus du Hirak, a confirmé que «deux bus en provenance de Meknès ont été interdits de rallier Rabat ce matin, dans le cadre de la participation à la manifestation de soutien». A Taza, un autre transport en commun n'aurait pas pu continuer son chemin jusqu'à Rabat, tandis que les organisateurs ont affirmé que «beaucoup de voitures et de bus avaient été empêchés d'arriver jusqu'à la capitale».