Il y a presque deux ans, Brahim Ghali limogeait, pour des considérations tribales, le coordinateur avec les représentants des associations défendant les positions du Polisario au Sahara. Depuis, le nombre et l'ampleur des protestations dans la province a été revu à la baisse. Après la visite de Horst Köhler au Sahara occidental, les cadres des associations pro-Polisario dans la province sont visiblement très remontés contre la gestion du camp Rabouni, qu'ils considèrent comme «le dossier des territoires occupés». «Ils veulent une révision rapide et radicale de la politique suivie jusque-là par l'équipe de Brahim Ghali sur cette question. A cet effet, ils demandent une réunion urgente, dans les camps de Tindouf ou à Las Palmas aux Iles Canaries, avec des membres influents au sein de la direction du Polisario afin d'évaluer la situation», nous confie une source. «Les revendications des représentants de ces ONG portent essentiellement sur deux points, à savoir une augmentation du soutien financier et le retour sur le devant de la scène de certaines personnalités écartées par le Front, comme Omar Boulsane et Aminatou Haidar», ajoute la même source. Des considérations tribales expliquent la marginalisation Depuis le décès de Mohamed Abdelaziz, les subventions accordées à ces groupes enregistrent une baisse significative, ce qui a eu un impact direct sur le nombre de manifestations dans les principales villes de la province. La petite protestation du jeudi 28 juin à Laâyoune en est un parfait exemple. La réduction de ces aides financières obéit à des considérations tribales et n'est pas une conséquence directe du tassement des revenus pétroliers de l'Algérie. En effet, la désignation de Brahim Ghali à la tête du mouvement s'est traduite immédiatement par une marginalisation de toutes les figures qui n'appartiennent pas à la tribu des Rguibates. En témoigne le limogeage d'Omar Boulsane, en août 2016. Celui-ci faisait office de coordinateur, depuis Las Palmas, entre la direction du Polisario et les associations au Sahara occidental. La mise à l'écart des autres composantes non Rguibates s'est accentuée avec la nomination, en février dernier, de Bachir Mustapha Sayed en tant que «ministre des territoires occupés». Le frère du fondateur du Front nourrit une méfiance envers les Sahraouis issus des autres tribus. En effet, la majorité des têtes d'affiche défendant les positions du Polisario dans la province (tels Aminatou Haidar, Ali Salem Tamek, Mohamed El Motawakkil ou Mohamed Salem Lakhel) sont originaires des tribus Aït Oussa, Izarguyyine ou Oulad Tidrarine.