Au lendemain du verdict condamnant à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison des leaders du Hirak du Rif, des partis de la gauche, des syndicats et des associations ont appelé à une marche nationale. Prévue dimanche 8 juillet à Casablanca, elle suscite plusieurs interrogations, notamment sur la participation d'Al Adl Wal Ihsane. C'est à Casablanca qu'une marche nationale sera organisée dimanche 8 juillet à l'appel des partis de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Annahj Addimocrati, la Confédération démocratique du travail, l'AMDH et d'autres organisations. Elle vise notamment à dénoncer les verdicts prononcés par la chambre criminelle près la Cour d'appel de la capitale économique à l'encontre des détenus du Hirak du Rif. Des peines allant de 1 à 20 de réclusion criminelle pour plusieurs chefs d'accusation dont l'«atteinte à la sûreté de l'Etat». Mais dès son annonce, la marche suscite des interrogations, notamment sur l'éventuelle participation d'Al Adl Wal Ihsane. En juin 2017, la Jamâa avait mobilisé ses disciples pour une mobilisation de taille à Rabat. Le mouvement créée par feu Abdeslam Yassine évoquait même le chiffre d'«un million de manifestants» à cette marche en soutien au Hirak du Rif. Mais la coordination entre la FGD et Al Adl Wal Ihsane avait, depuis, été rompue. En juillet dernier, les jeunesses des trois partis politiques formant la FGD avaient appelé à l'organisation d'une marche nationale, sans adresser d'invitation à Al Adl Wal Ihsane. «la coordination avec les partis religieux ou les organisations qui exploitent la religion est impossible», déclarait alors Abdeslam El Aziz, secrétaire général du Conseil national ittihadi (CNI), à Yabiladi. Mais avec les nouvelles actualités, les deux partis seront-elles prêtes à laisser de côté leurs différends pour se montrer solidaires avec les détenus du Hirak et leurs familles ? C'est la question que nous avons posée ce lundi à la FGD et Al Adl Wal Ihsane. Hirak : Une marche nationale le 8 octobre sans Al Adl Wal Ihsane ? Une manifestation sans exploitation idéologique pour la FGD Pour Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié et coordinatrice nationale de la fédération, «tout le monde est convoqué à cette marche, sans exploitation idéologique». «L'initiative existe avant même les verdicts et d'ailleurs, le comité de défense a été diversifié avec des avocats de la gauche, d'Al Adl Wal Ihsane et d'autres horizons», nous rappelle-t-elle. Tout en qualifiant encore une fois les peines prononcées à l'encontre des détenus du Hirak de «politiques et lourdes où la justice a été utilisée pour faire taire les protestants», la coordinatrice nationale de la FGD déclare que «la marche du dimanche prochain sera populaire et inaugurera différentes initiatives qui seront lancées». Nabila Mounib insiste aussi sur le fait que la marche a été organisée par un comité élargi, insistant à nouveau que tout le monde y est convoqué. «Cette marche a pour but de soutenir les jeunes du Rif rebelle et contre les peines injustes qui nous rappellent les années de plomb. Nous n'avons contacté personne et il y a un comité d'organisation élargi qui ne cesse de grandir.» Nabila Mounib Pour la coordinatrice nationale de la FGD, «les organisateurs et leurs horizons importent peu puisqu'il s'agit d'une marche nationale loin de tous ce qui est idéologique». «Le peuple marocain y est vivement invité à participer pour exprimer sa dénonciation de l'oppression et de l'injustice contre ses enfants et ses militants», conclut-elle. Mais il semblerait que les arguments avancés par les organisateurs de la marche du dimanche ne convainc pas Al Adl Wal Ihsane. Contacté ce lundi par Yabiladi, Hassan Bennajeh, membre du secrétariat général du Mouvement Al Adl Wal Ihsane (AWI) précise que la Jamaâ n'est pas membre organisateur de cette marche. Al Adl Wal Ihsane exclu d'un collectif de soutien au Hirak de Jerada Al Adl Wal Ihsane ne participera pas à la marche et se considère exclu Répondant à Nabila Mounib, Hassan Bennajeh estime que «si ce que dit la coordinatrice de la FGD était vrai, l'appel ne serait pas lancé que par les organisateurs, qui sont déterminés et connus», nous répond-il. «Nous n'avons pas reçu d'invitation pour prendre part à la marche. Ils sont libres d'organiser seuls les formes de manifestation qu'ils jugeront nécessaire.» Hassan Bennajeh Concernant l'appel lancé par les familles des détenus à la participation de tous les courants, Hassan Bennajeh estime que «c'est la même logique d'Al Adl Wal Ihsane». «C'est la logique de chaque personne prenant en compte la sensibilité de l'événement et son importance, mais ils ont choisi d'organiser tous seuls la marche», echaîne-t-il. Quant à l'éventualité d'une autre forme de manifestation organisée par la Jamâa, notre interlocuteur affirme que «c'est l'importance et l'impact de la manifestation qui détermineront cela», indiquant que les choses doivent être conjointement préparées, «parce qu'il s'agit d'une affaire sociétale». «Si ces conditions sont réunies, Al Adl Wal Ihsane n'hésitera pas», note-t-il. «C'est une affaire qui ne nécessite pas la précipitation et l'exclusion, et ne doit pas être traitée de manière exclusive, mais il y a ceux qui voient les choses autrement et c'est la société qui note et juge.» Hassan Bennajeh Celui-ci insiste aussi sur «la coordination», «le respect mutuel» et «le travail commun» effectués par la Jamâa dans d'autres villes avec d'autres courants. «C'est ce qui sert la cause et nous y tenons», conclut-il.