De nouveau, des voix en Espagne accusent le Maroc d'encourager les arrivés de migrants vers l'Espagne. Deux grands quotidiens s'en font, d'ailleurs, l'écho. De nombreuses embarcations de migrants échouent sur les cotes espagnoles. Une fois de plus, des médias locaux n'hésitent pas à pointer du doigt la responsabilité du Maroc. «Le Maroc permet une vague de pateras en plein crise migratoire», écrit le quotidien El Mundo. «De nouveau, Rabat ouvre ses frontières pour montrer le rôle essentiel qui joue dans la surveillance des portes de l'Europe», accuse la publication de droite. Chiffres à l'appui, El Mundo assure que 471 migrants à bord de 47 pateras en plastique en provenance du nord du Maroc sont arrivés le jeudi 14 juin. Les sources consultées par le journal sont unanimes à parler de «la main du royaume» derrière ces arrivées massives. «C'est une manière de mettre la pression» sur l'exécutif Pedro Sanchez. «Quand il y a un changement de gouvernement, il faut en tirer des bénéfices économiques, particulièrement si le gouvernement est du PSOE. La migration est un thème brûlant et maintenant le Maroc veut avoir sa part», explique une source à El Mundo. «Pression sur Pedro Sanchez» El Confidencial souligne, pour sa part, que les vendredi 15 et samedi 16 juin, 933 migrants sont arrivés en Andalousie en partance du Maroc. «C'est une mesure de pression» sur le cabinet Sanchez afin de lui «rappeler les règles du jeu pour qu'il ne croit pas que la collaboration marocaine est acquise sans donner quelque chose en échange», explique la publication en ligne. Et de rapporter que depuis le début de l'année environ 13.248 migrants, dont la majorité avait traversé la Méditerranée, ont accosté sur les cotes espagnoles. El Confidencial assure également que durant la même période, l'Italie a connu paradoxalement une baisse de 82,8% des arrivées de ressortissants africains, selon des chiffres publiés le 15 juin par le ministère italien de l'Intérieur. Ce ton alarmiste d'El Mundo et El Confidencial prend le contrepied des éloges de l'ancien gouvernement Rajoy envers la coopération politique marocaine. «Le Maroc déploie un énorme effort pour s'acquitter avec loyauté de sa coopération avec l'Espagne en matière d'immigration», déclarait en février l'ancien secrétaire d'Etat de Sécurité, José Antonio Nieto. A l'époque Madrid était même disposé à demande à l'Union européenne d'accorder des aides à Rabat pour son engagement à limiter les entrées de migrants en Espagne. Les chiffres cités par El Mundo et El Confidencial ne constituent pas une surprise. «En 2017, l'immigration illégale en Espagne a augmenté de 101,14% alors que pour la Grèce elle a chuté de 77%», écrivait ABC en février dernier.