Contrairement aux affirmations des lecteurs hâtifs et des extrémistes, Fatima Mernissi n'a jamais été contre l'Islam. Au contraire, elle s'est battue et s'est décidée à mettre au clair l'héritage culturel islamique, qui a offert à la femme une place rayonnante, afin que la culture de l'esclavage féminin ne domine ni au Maroc ni dans le reste du monde islamique. La question féminine se trouve au cœur des œuvres de Fatima Mernissi. La sociologue fait partie d'une génération de femmes qui ont vécu au sein d'un monde musulman structuré et strictement contrôlé. Un contrôle qui s'infligeait aux femmes, au nom du religieux. Cependant, l'auteure a voulu briser toutes les frontières imposées par la religion, raison pour laquelle elle a étudié le Coran pour défendre les droits des femmes ; une arme qui, selon la sociologue, est bien capable de la soutenir dans son combat. Les études et les recherches qu'elle a entreprises avaient pour objectif d'atteindre la conscience des données scientifiques en vue de pouvoir défendre sa cause, mais tout en restant vigilante. Elle a consacré une large partie de sa carrière à vouloir connaître et faire connaître le patrimoine islamique et s'est obstinée à étudier la loi islamique, «la charia». Son but a été de donner une voix aux femmes que personne n'écoutait. Le défi des traditions et de l'obscurantisme religieux Mernissi est unique dans son rapport avec les maux des femmes et les questions brûlantes qui concernent le monde féminin. Cette femme a pu s'introduire dans les zones les plus interdites par l'islam, spécialement dans «Sexe, Idéologie, Islam, Al Jins Ka Handasa Ijtima'iya, Sultanes oubliées». Dans ses études et recherches, Mernissi a tenté de résoudre le problème des femmes avec une bravoure inhabituelle. Elle s'est engagée dans ce domaine complexe et ambigu, où le contrôle du mythe et des traditions pèsent lourdement et prennent le pas. Toutefois, Mernissi s'est retrouvée face à un voile rigide de l'esprit ; des hommes qui se réfugient dans la religion. Mernissi et la censure C'est souvent la mauvaise compréhension du religieux qui se trouve à l'origine de cette discrimination infligée aux femmes. «Le Harem politique» est une étude érudite où, selon Fatima Mernissi, le pouvoir masculin a nié et gommé le rôle politique joué par les femmes depuis l'avènement de l'islam. Un texte qui a été cruellement censuré vu qu'il traite le problème de l'inégalité entre les hommes et les femmes en Islam. Dans cet ouvrage, l'écrivaine a tenté de trouver des réponses à des questions taboues, comme par exemple : une femme peut-elle gouverner un Etat musulman ? Pourquoi les femmes portent-elles le voile ? Des questions qui dérangent évidemment. Résultat : l'écrit de Fatima Mernissi a été censuré. Une audace inégalée Malgré tout, la sociologue a réussi à révéler une partie oubliée de l'histoire islamique et a pu mettre en évidence le rôle important que les femmes arabes ont joué dans la vie politique et sociale. Elle a pu retracer des histoires de reines arabes, de princesses en Indonésie, au Pakistan et en Inde. Pour la première fois, une féministe musulmane n'a éprouvé aucune peur à évoquer les coutumes les plus controversées du monde musulman. En outre, Fatima Mernissi est une intellectuelle musulmane qui a osé user de son droit d'explorer sa propre histoire, et jusqu'à sa plus prestigieuse origine, pour soulever des questions assez sensibles, ce qui a mené plusieurs groupes intégristes à proférer de graves menaces contre elle. Fatima Mernissi a pu produire des textes inédits sur la question de la femme et ses droits en Islam, qui ont charmé le public, mais qui ont en même temps attisé des critiques flamboyantes. Certains analystes n'ont pas hésité à s'en prendre à elle, criant au blasphème et la traitant d'athée.