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Ramadan des Subsahariens au Maroc : Entre nostalgie, quête de spiritualité et adaptation
Publié dans Yabiladi le 09 - 08 - 2011

Comment les ressortissants Subsahariens au Maroc passent-ils le Ramadan ? Pour les musulmans, ce mois sacré est synonyme de nostalgie. L'ambiance du pays n'est pas la même qu'au royaume, les habitudes alimentaires non plus. Mais ils apprécient la cuisine marocaine. Pour les non-musulmans, les chrétiens en l'occurrence, la cohabitation demande parfois plus d'efforts. Récits.
Mahamadou Lamine Diakité, la trentaine, étudie au Maroc depuis 6 ans. Il est inscrit à la faculté des Lettres de Marrakech. A l'instar de centaines d'autres étudiants étrangers inscrits dans les universités publiques marocaines, ce Malien est venu passer ses vacances à la cité universitaire Souissi II de Rabat, en attendant la rentrée prochaine. Mais cette année encore, comme les trois précédentes, les vacances de Mahamadou sont assez particulières : elles coïncident avec le mois sacré du Ramadan.
Un mois de privations et d'endurance, également synonyme de nostalgie pour cet étudiant qui n'est pas retourné au pays depuis qu'il a mis les pieds dans le royaume en 2005. «Chez nous, le Ramadan se caractérise par un changement radical de la société, notamment sur le plan humain. Les gens se réconcilient dès le premier jour et essaient de mettre en pratique le peu de connaissances religieuses qu'ils ont». Au Maroc également, Mahamadou constate ce changement mais s'étonne de voir que les gens deviennent subitement si «nerveux, contrairement au Mali».
Le voyage de l'esprit
Une ambiance différente qui ne manque pas de laisser place à la nostalgie pour cet étudiant en sciences islamiques. Toutefois, la lecture du Coran, les prières à la mosquée, mais aussi la présence à ses côtés de compatriotes et d'étudiants issus d'autres pays subsahariens, lui permettent de meubler le temps, sans trop se noyer dans les pensées, jusqu'à l'heure du ftour. Un moment durant lequel il ne peut empêcher son esprit de voyager jusque chez lui et d'humer l'odeur des mets locaux.
Au Mali, comme dans de nombreux pays subsahariens, surtout dans le Sahel, c'est le kinkéliba qui sert de café au lait. La boisson chaude de cette plante médicinale de la famille des combrétacées aide à la digestion, après la journée de jeûne. Ensuite, «nous prenons le Takoula (galettes) et le Mony (ou Fondé au Sénégal, ndlr) qui est une bouillie sucrée à base de mil».
«On mange du marocain»
Un repas copieux donc, qui facilite la récupération. Mais dans le royaume, ces menus du pays ne sont que rarement sur la table. Il est rare de les trouver sur les étales des souks. «On mange du marocain, on apprécie le menu marocain», fait savoir Boureima Konaté, étudiant burkinabé en Pharmacie à Rabat, apparemment très séduit par les dattes, «un aliment universel» selon lui.
Ibrahim Mohammed pense quant à lui que l'alimentation de son pays, les Comores, «est plus diversifiée». La Mardouf, (le «pain» comorien), le Mkatra Signiya ou encore le Zikoko trede (gâteaux) manquent certainement à cet étudiant en génie civil de 27 ans, qui en est à sa huitième année au Maroc. De temps en temps, il se joint à sa communauté lors des ruptures collectives qu'ils organisent pour récréer l'ambiance du pays. «La communauté compense la solitude» confie Ibrahim, qui avoue néanmoins vivre la pratique religieuse au Maroc «mieux» que chez lui. Les activités religieuses organisées par ses compatriotes n'y sont pas pour rien.
Des efforts de cohabitation plus intenses pour les chrétiens subsahariens
Pour les subsahariens de confession chrétienne, le mois sacré pose chaque année l'équation de la conciliation entre la culture musulmane de leur pays d'accueil, et la culture laïque des pays dont ils sont originaires. En effet dans leurs pays respectifs, ils ont côtoyé des compatriotes musulmans, et savent en quoi consiste le Ramadan. Au Maroc, où l'islam est la religion d'Etat, le mois sacré est forcément vécu différemment.
«Quand je suis au pays, je ne ressens le Ramadan que le jour de la fête (l'Aïd Al Fitr, ndlr)» déclare Armelle, étudiante camerounaise en Kinésithérapie, à Casablanca. La jeune fille est arrivée au Maroc à l'été 2010, et vit depuis le 2 août dernier sa première expérience du Ramadan dans un pays musulman. Effet immédiat : elle ne peut ni boire, ni grignoter aussi librement qu'elle le ferait si elle était au Cameroun. Ses courses, elle doit les prévoir la veille et ses moments de divertissements sont réduits. Des petits sacrifices, dont elle a cependant, appris à s'accommoder. «On est dans un pays étranger, il faut suivre les règles», se résigne-t-elle.
Plusieurs chrétiens subsahariens font, comme Armelle, l'effort de «suivre les règles», histoire de ne pas heurter la sensibilité de l'hôte marocain, dans une période où on le sait «particulièrement irritable». Certains vont même jusqu'à adopter les habitudes du pays, et n'hésitent pas à observer le jeûne. Hermann, originaire de Côte d'Ivoire, est de ceux-là.
L'année dernière, il a jeûné pendant quinze jours. Il exprimait ainsi sa sympathie à une famille marocaine de l'immeuble qu'il habite à Aïn Sebaa. Ses voisins avaient l'habitude de l'inviter au moment du ftour. Lui en retour, a décidé de les soutenir dans leur jeûne, nous confie-t-il. Pour lui «quand on arrive dans un village et que tout le monde marche sur un pied, on fait pareil», suivant un proverbe de son pays. Habitué à jeûner en temps de carême chrétien, il se dit prêt à jeuner à nouveau pendant ce Ramadan.
Les mauvaises expériences ne manquent pas…
Certes, les chrétiens subsahariens du Maroc ne jeûnent pas tous, mais la plupart font l'effort de ne pas manger ou boire en public. Il arrive cependant que la culture laïque de leurs pays respectifs reprenne le dessus. C'est le cas de Lydie, elle aussi originaire de Côte d'Ivoire, établie à Casablanca. Elle se rappelle avoir été sermonnée par un homme dans la rue parce qu'elle s'apprêtait à consommer la glace qu'elle venait d'acheter. «J'avais oublié, je me suis excusée» raconte-t-elle. Aujourd'hui, la jeune fille fait beaucoup plus attention. Et ne s'autorise des rafraîchissements qu'à l'abri des regards.
D'autres en revanche n'ont pas eu besoin d'une glace pour se faire sermonner. Dada par exemple. Ce ressortissant congolais nous raconte qu'on a refusé de lui faire des photocopies à cause de son pendentif… en forme de croix. De tels comportements indiquent bien que les efforts doivent aller dans les deux sens, pour que la cohabitation entre les différentes cultures soit la plus pacifique possible.


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