Cet après-midi à la Chambre des conseillers, Saâdeddine El Othmani est apparu bien seul. A l'exception du RNI, tous les groupes, y compris celui du PJD, ont pointé la réaction du gouvernement à l'égard de la campagne de boycott. Le chef du gouvernement a visiblement révisé sa position vis-à-vis de la campagne de boycott. Cet après-midi devant les conseillers, Saâdeddine El Othmani s'est inscrit en faux contre les propos tenus par ses ministres, Mohamed Boussaïd, Lahcen Daoudi et Mustapha El Khalfi, sur ce sujet. «Nous écoutons attentivement ces messages. Le gouvernement ne s'oppose pas aux intérêts des citoyens. Nous avons la responsabilité de défendre les intérêts de tous les citoyens, consommateurs et producteurs, ainsi que leur dignité et leur pouvoir d'achat», a précisé le chef de l'exécutif. Fidèle à son habitude, El Othmani a promis aux partisans du boycott de «préparer des mesures» à même d'éviter la flambée des prix mais sans annoncer ni leur nature, ni une date pour leur application. En revanche, il a souligné que son cabinet «veille quotidiennement à défendre les consommateurs», sans toutefois dire comment. Il a néanmoins fait l'impasse sur l'opérationnalisation des prérogatives du Conseil de la concurrence. Tourner la page du boycott L'intervention du chef du gouvernement à la Chambre des conseillers s'est résumée en un chapelet de promesses. Plus grave, El Othmani a saisi le Ramadan pour demander aux Marocains de «tourner la page» de la campagne de boycott «au nom de la tolérance et la piété» caractérisant ce mois sacré. Jouer la carte de la religion n'a visiblement pas convaincu les conseillers de l'opposition. Le groupe de l'Istiqlal a dressé un réquisitoire contre l'«inaction du gouvernement» pour défendre le pouvoir d'achat des consommateurs. Même son de cloche chez le représentant du PAM. Ce dernier a dénoncé les menaces de poursuites judiciaires proférées par le ministre des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, lors de son point de presse du 10 mai. Il a également pointé du doigt la sortie hasardeuse du ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaïd, mardi 24 avril lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers. Des tirs amis Cet après-midi, Saâdeddine El Othmani s'est retrouvé isolé face aux tirs de barrage en provenance de l'opposition. Le groupe de la Lampe a lui aussi apporté un soutien sans concession à la campagne de boycott. Abdellatif El Halouti a défendu le droit des Marocains à ne pas consommer les produits de certains groupes industriels. «Le gouvernement n'est pas le porte-parole de quelques sociétés», a-t-il déclaré. Et de dénoncer au passage l'incapacité de l'exécutif à freiner la hausse des prix des carburants. Dans ce déluge d'attaques, le RNI est le seul groupe à avoir appuyé l'action du gouvernement. C'était prévisible, sachant que Afriquia, l'une des cibles du boycott, est la propriété d'Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants. Les promesses de Saâdeddine El Othmani Le Chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, reprenant la parole après l'intervention des chefs des groupes parlementaires de la Chambre haute, a promis de former un groupe de travail pour étudier les prix des produits alimentaires les plus utilisés par les Marocains. Cette mesure permettra «d'atténuer la pression sur le pouvoir d'achat du citoyen». Quant aux prix des carburants, El Othmani a reconnu que le processus de décompensation avait rencontré certaines problématiques. «Nous en sommes conscients», a-t-il lancé, en affirmant que son exécutif se penche sur la réalisation d'un benchmark. «Nous tenterons de trouver une formule adéquate pour contrôler les prix et soutenir le pouvoir d'achat», dit-il encore. Tout en invitant les entreprises à lancer des initiatives pour baisser les prix au cours du mois de Ramadan, El Othmani a aussi annoncé une étude sur l'efficacité des programmes sociaux lancés au Maroc. Article modifié le 15/05/2018 à 21h19