Ce lundi, le passage, en fin d'après-midi, du chef du gouvernement à la Chambre basse du Parlement restera dans les annales. Depuis sa désignation par le roi Mohammed VI pour former un nouveau cabinet à la place de Abdelilah Benkirane, Saâdeddine El Othmani a eu enfin droit à la reconnaissance de ses «frères» et «sœurs» du PJD présents au sein de l'hémicycle. Une fois n'est pas coutume, les réponses du chef du gouvernement aux questions des groupes de la majorité comme de l'opposition étaient ponctuées par des salves d'applaudissements de la part des députés de la Lampe. Un enthousiasme qui contrastait avec la froideur des derniers mois, voire même l'agressivité des élus PJD à son égard notamment en commissions à l'abri des caméras. C'est sans aucun doute l'intervention de Driss Azami Idrissi, le président du groupe, qui illustre le mieux le changement d'attitude. L'ancien ministre du Budget sous Benkirane I et II a ainsi pris la parole pour défendre les ministres d'El Othmani attaqués par un député du PAM quelques minutes auparavant, sur leurs absences répétées à la Chambre des représentants. Pourtant le même Azami ne ratait pas l'occasion pour clamer haut et fort que son groupe n'est pas prêt d'accorder un chèque en blanc à l'équipe El Othmani. Ce changement des islamistes est évidemment attribuable au rejet du conseil national du PJD, que préside d'ailleurs El Othmani, de la proposition de modifier l'article 16 du règlement intérieur du parti afin d'accorder un 3e mandat successif à Abdelilah Benkirane. Une décision qui devrait baliser le terrain au retour de Saâdeddine El Othmani aux commandes de la Lampe. Une nouvelle page est sur le point de commencer au PJD.