A la Chambre des représentants, Saâdeddine El Othmani a promis de réconcilier les Marocains avec leur administration et de lutter contre la corruption. Lors de son premier passage devant les députés, le chef du gouvernement n'a pas manqué de tacler le PAM sur les événements d'Al Hoceima. Saâdeddine El Othmani a passé, cet après-midi, son premier passage au Parlement en sa qualité de chef du gouvernement. Les députés l'ont interpellé sur le thème de la moralisation de la vie publique. Après avoir présenté son diagnostic, El Othmani a reconnu que le Maroc n'a jamais abordé la lutte contre la corruption avec une stratégie bien élaborée. «Auparavant, il y avait simplement des programmes limités dans le temps qui ne dépassaient pas deux ans», a-t-expliqué «C'est effectivement sous le précédent gouvernement que le Maroc s'est doté d'une stratégie à moyen terme, établie sur 10 ans», a-t-il ajouté. «Il s'agit d'un chantier adopté fin 2015, dont l'opérationnalisation nécessite un décret qui sera approuvé par l'exécutif d'ici deux semaines, et l'installation de la commission nationale de lutte contre la corruption». El Othmani a également couvert d'éloges le chantier ouvert par Abdelilah Benkirane. L'incursion d'El Othmani dans les traditionnelles prises de becs entre le PAM et le PJD Le chef du gouvernement parie sur la numérisation de l'administration pour combattre la prévarication. El Othmani promet à son tour aux citoyens la fin de leurs déplacements aux arrondissements et aux commissariats de police pour extraire des documents administratifs, arguant que la carte biométrique est largement suffisante. Des promesses qui remontent à Driss Jettou et Abbas El Fassi, mais qui sont restées lettres mortes. Comme lors des passages d'Abdelilah Benkirane, la séance de ce mardi a été ponctuée de quelques règlements de comptes entre le PAM et le PJD. En l'absence du secrétaire général, c'est le n°2 de la formation islamiste, Slimane El Amrani, qui a tiré à boulets rouges sur le Tracteur, dénonçant sous une salve d'applaudissements des députés islamistes la «responsabilité» des amis d'Ilyas El Omari dans les événements d'Al Hoceima. Néanmoins, il n'a pas apporté de preuves étayant ses déclarations. El Amrani réagissait ainsi à un réquisitoire présenté quelques minutes auparavant par un député du PAM, d'abord contre la «normalisation» de Benkirane avec les prévaricateurs, puis contre la gestion du département du Transport par Aziz Rabbah sous le précédent gouvernement. Une ligne de conduite appuyée par Saâdeddine El Othmani dans sa réponse aux commentaires des parlementaires. A sa manière, le PJDiste a suscité pendant quelques secondes l'agitation des parlementaires dans l'hémicycle lorsqu'il a rappelé aux PAMistes leurs mainmises sur les communes et la présidence de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. En mai 2016, le gouvernement Benkirane avait lancé une stratégie contre la corruption d'un budget de 1,8 milliard de dirhams, étalée sur 10 ans. C'est ce chantier que le cabinet El Othmani promet de poursuivre.