Le World Wide Fund for Nature (WWF) a tiré le mois dernier la sonnette d'alarme quant à l'épuisement des ressources naturelles, face à l'augmentation de la consommation et de l'empreinte carbone en se penchant sur plusieurs pays. Pour le Maroc, le «déficit écologique» reste maîtrisable. Détails. Si les humains vivaient comme les Marocains, les ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an seraient consommées avant le 16 décembre. C'est ce qui ressort de l'alerte, lancée par le Fonds mondial pour la nature (de l'anglais World Wide Fund for Nature, WWF) dans un rapport rendu public le mois dernier, alors que ses rédacteurs continuent de se pencher sur chaque pays à part entière dans le cadre de rapports spécifiques. Un déficit écologique à l'ordre de -0,9 points Le rapport est une collaboration avec le Global Footprint Network, un institut de recherche international, qui, chaque année, calcule le «jour du dépassement», c'est-à-dire le jour à partir duquel l'empreinte écologique de l'Homme excédera la capacité annuelle de la planète à absorber le CO2 et à reconstituer ses réserves, appelée biocapacité. Pour le Maroc, et avec une empreinte écologique de 1,7 points par personne, dépassant la biocapacité du pays qui atteint à peine 0,8 point, le royaume a enregistré en 2014 un déficit écologique à l'ordre de -0,9 point. Pour clarifier cette question, WWF explique qu'un «déficit écologique se produit lorsque l'empreinte écologique d'une population dépasse la biocapacité de la zone disponible pour cette population». Cela signifie donc que la nation «importe de la biocapacité par le biais du commerce, en liquidant les actifs écologiques nationaux ou en rejetant des déchets de dioxyde de carbone dans l'atmosphère». Dans les détails et en se basant sur les données relatives au Maroc, il semblerait que les émissions de carbone ont un grand apport dans l'empreinte écologique des Marocains (49,38%) devant l'utilisation des terres agricoles pour l'alimentation humaine et animale (33,6 %), l'exploitation forestière (8,65 %), l'affectation des prairies à l'élevage du bétail (9,6 %), la pêche (4,8 %) et la couverture des sols par des infrastructures industrielles, des voies de transports ou des habitations (1,92 %). Le jour du dépassement selon les pays. / Ph. WWF Il faudrait «1,7 planètes» pour subvenir aux besoins annuels des humains Mais avec un déficit écologique pareil, le Maroc se maintient dans la catégorie des pays où le jour du dépassement n'arrive pas avant le 1er septembre. Une catégorie où on retrouve notamment le Costa Rica, le Cuba, le Vietnam, la Tunisie et le Niger. A titre de comparaison, la France se classe dans le groupe de tête des pays les plus «prédateurs», loin derrière le Qatar, rapporte Le Monde. Celui-ci estime qu'«avec le train de vie qatari, le jour du dépassement planétaire serait le… 9 février». Dans la même catégorie, on retrouve aussi les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Le média français, qui cite le rapport sur l'Hexagone, met toutefois en garde contre le mode de calcul du WWF. «Il donne en effet un poids prépondérant aux émissions carbonées (60% de l'empreinte écologique) et ne prend pas en compte des facteurs tels que la perte de biodiversité, la pollution ou la pression sur la ressource en eau. Il n'en permet pas moins de mesurer, année après année et à paramètres constants, l'évolution de la situation», poursuit-on de même source. Mais globalement, ce jour devient de plus en plus précoce. S'il est intervenu le 1er décembre en 1975, il est arrivé le 5 novembre en 1985, à coïncider avec le 5 octobre en 1995 et continue sa courbe. Il a coïncidé avec 2 août en 2017 et peut encore arriver plus tôt cette année en attendant le verdict du Global Footprint Network. Avec une consommation des ressources de plus en plus rapide, il «faudrait désormais 1,7 planètes pour subvenir aux besoins annuels des quelques 7,5 milliards d'humains». A rappeler que le secrétariat d'Etat chargé du développement durable avait annoncé en août dernier sa détermination à commanditer une étude pour évaluer l'empreinte écologique, la biocapacité et l'empreinte carbone au Maroc pour quatre régions. Une étude devant permettre d'introduire un nouvel outil pour l'évaluation des politiques économiques dans le royaume.