Le dossier de candidature marocaine à l'organisation de la Coupe du monde 2026 ne mentionne presque pas l'article 489 du Code pénal marocain, qui punit les relations sexuelles entre les personnes du même sexe. Depuis ce lundi 16 avril, cinq membres de la Task Force de la FIFA sont en visite d'inspection de trois jours pour évaluer la candidature marocaine à l'organisation du Mondial 2026. L'agence de presse américaine Associated Press, qui a passé en revue les 483 pages du dossier du Maroc, indique que ce dernier «n'a pas déclaré sa loi anti-LGBT comme un facteur de risque et n'a pas proposé de solutions». «Le rapport sur les droits humains au Maroc présenté à la FIFA passe volontairement sous silence un sujet que le [royaume] connait bien comme un crime sur le territoire», déclare Ahmed El Haij, président de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), relayé par AP. Et d'ajouter : «Si le Maroc organise la Coupe du monde, les personnes LGBT qui viennent voir la compétition vont faire face à beaucoup de discrimination. L'Etat ne pourra ni les protéger ni mettre en place des mesures préventives.» L'article 489 du Code pénal marocaine criminalise les relations sexuelles entre personnes du même sexe et les punit de six mois à trois ans de prison. «Si le Maroc est engagé à gagner [cette candidature], il devrait se préparer à abroger cet article», indique à AP Minky Worden, directeur des initiatives globales à Human Rights Watch. «Combattre toutes les formes de discrimination» Associated Press a tenté de chercher les mention des droits LGBT dans le dossier de candidature. Elle en a trouvé une, «passagère», où la Fédération royale marocaine de football (FRMF) s'engage «à combattre toutes les formes de discrimination» incluant «l'orientation sexuelle». Toutefois, ni ce dossier, ni son résumé de 27 pages, n'indiquent que l'homosexualité peut exposer à des poursuites pénales. Rappelons qu'en septembre 2017, lors de l'Examen périodique universel, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU avait adressé 44 recommandations au Maroc dont faisait partie «la dépénalisation des relations homosexuelles». Mustapha Ramid, ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme, n'avait pas tardé à répliquer. Le 26 septembre, devant un parterre de journalistes, il s'était étonné de cette recommandation en affirmant que ce «n'est pas un sujet à aborder», avant d'ajouter que «les homosexuels sont des ordures». Suite aux recommandations de l'organisation onusienne, le Maroc avait refusé partiellement d'assurer l'égalité des citoyens sans tenir compte de leurs orientations et identités sexuelles, via la dépénalisation les relations homosexuelles, notamment en abrogeant certaines dispositions du Code de la famille.