Cet ancien MRE a vécu vingt ans au Canada, où il s'est familiarisé avec le Lean Six Sigma, une méthodologie dédiée à l'amélioration des processus. De retour dans son pays, il veut en faire profiter les entreprises marocaines. Il n'y a pas qu'au Maroc que la politique d'accélération industrielle du royaume fait des heureux. Outre-Atlantique, certains ont déjà flairé le bon filon. Ihssane Hadi, 43 ans, est de ceux qui ont rebroussé chemin après de longues années d'expatriation pour «redonner un peu à [leur] pays». Ce quadra est revenu du Canada en 2016 après y avoir vécu vingt ans, d'abord à Montréal, où il a décroché un bachelor en informatique de gestion à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), puis à Calgary, plus grande ville de la province anglophone de l'Alberta. «Je me souviens précisément de la date à laquelle je suis arrivé au Canada : c'était le 26 août 1997. En 2004, j'ai déménagé à Calgary où j'ai travaillé pour Encana Corporation et TransCanada, deux compagnies pétrolières, avant de créer ma propre structure en 2014», raconte à Yabiladi Ihssane Hadi. Deux ans plus tard, celui qui possède désormais la nationalité canadienne décide de rentrer au Maroc, séduit par les opportunités professionnelles qui y fleurissent. Son pari s'appelle «Lean Six Sigma» (LSS), un concept qui désigne «le rapprochement de deux méthodes d'amélioration des processus connues et reconnues pour leur efficacité», d'après la définition communément admise. La méthode Six Sigma «est une marque déposée de Motorola désignant une méthode structurée de management visant à une amélioration de la qualité et de l'efficacité des processus». Pour faire court, cette méthodologie «aide les entreprises à réduire leurs coûts tout en restant compétitives, notamment en éliminant le gaspillage et les pertes de temps inutiles», résume Ihssane Hadi. «Par exemple, pour obtenir un passeport, il faut compter trois à quatre semaines ; pour demander une hypothèque à la banque, ça peut aller jusqu'à 90 jours. Si on élimine quelques redondances ou quelques étapes qui n'ajoutent pas de valeur pour le consommateur, l'entreprise peut ainsi avoir plus de clients, augmenter son chiffre d'affaires et réduire ses coûts. C'est ça mon expertise», revendique-t-il. «Un devoir et une obligation envers mon pays» Son ambition ? «Faire connaître cette méthodologie aux entreprises marocaines pour que le Maroc soit encore plus compétitif.» Sa société de conseil et de formation, 3-i Solution Consulting, propose des formations en LSS, accréditées par «The Council for Six Sigma Certification», un accompagnement dans la gestion de projets informatiques et des formations en Project Management. «On accompagne les entreprises de toutes les industries qui veulent instaurer la méthodologie Lean Six Sigma, les consultants et les cadres qui veulent augmenter leur chance de trouver un meilleur emploi, ainsi que les écoles ou les universités qui veulent former leurs étudiants à cette méthodologie pour accroître leur employabilité. En somme, ce que j'enseigne, ce sont les phases d'amélioration d'un process de A à Z avec des exemples réels», précise Ihssane Hadi, qui navigue entre Rabat et Casablanca, capitale économique oblige. Au Maroc, ce concept a d'ores et déjà séduit Renault et Delphi Maroc dans le secteur automobile ou des grands noms du secteur bancaire. «Le secteur de la santé n'est pas épargné non plus car les budgets sont limités ; il faut toujours faire plus avec moins», souligne l'entrepreneur. Pour l'heure, la difficulté est de se faire connaître. «Ce concept est nouveau ici, il faut donc travailler plus, prospecter davantage pour se faire connaître. Ce n'est pas forcément une difficulté, mais une réalité», dit-il. Toujours est-il que cet ex-MRE ne changerait pour rien au monde son parcours, en l'occurrence son retour au Maroc : «Je parle trois langues, j'aurais pu m'installer aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient, mais c'est au Maroc que j'ai choisi de vivre. Je sens que j'ai une obligation et un devoir envers mon pays pour faire avancer les choses.»