Une enquête menée conjointement par Mediapart et le site belge Le Vif, a ressorti, preuve à l'appui, l'histoire d'une belgo-marocaine qui aurait encaissé une importante somme d'argent (27 000 euros) afin de garder le silence, à la demande de l'islamologue Tariq Ramadan. Leur histoire qui a duré 5 ans peut se résumer en un seul mot : «destructrice». La femme, Majda. B, ne parle pas de viol, mais elle qualifie les rapports entre Ramadan et elle d'abus de «viol mental», décrivant un «manipulateur destructeur». L'affaire remonte à 2014. Cette année-là, Majda a publié un manuscrit intitulé «Un voyage en eaux troubles avec Tariq Ramadan». Elle a également posté de nombreuses vidéos où elle expliquait ses mésaventures avec l'islamologue. Dans une vidéo, filmée sur une terrasse au Maroc, elle dit ne pas avoir «peur», aller «jusqu'au bout» et mener «un véritable combat» face à «un géant de papier», précise Mediapart. Toutes ces vidéos ainsi que le manuscrit ont disparu, à la suite d'un accord entre Majda et l'islamologue. En 2015, la Chambre des référés belge prononce un jugement imposant à Majda d'effacer toutes les publications sur Internet ainsi que de cesser d'en publier de nouvelles. Le prix de son silence a coûté 27 000 euros à l'islamologue suisse, qui, dans le cas d'un non respect de l'accord, pouvait engager des actions judiciaires contre Majda. Par ailleurs, Mediapart affirme que la femme pourrait bientôt être amenée à témoigner dans l'enquête judiciaire en cours en France. Pour rappel, Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février pour viols et violences sexuelles, dont l'un sur une personne vulnérable, après les plaintes déposées par deux femmes en octobre 2017. L'information judiciaire qui en a découlé a été confiée à trois juges d'instruction. Début mars, une troisième victime présumée est sortie de son silence.