La vie trépidante, la recherche du gain de temps font que beaucoup de personnes recherchent une nourriture prête rapidement pour pas cher. Pour satisfaire cette demande croissante, beaucoup de vendeurs ambulants proposent différents plats dans les rues de Casablanca. Said est l'un d'entre eux, il a installé sa petite charrette dans le célèbre souk Korea. Les vendeurs ambulants de nourriture représentent une caractéristique des rues casablancaises. Certains sont même une part essentielle de la culture ambiante dans la ville. Said est l'un de ces vendeurs, qui a accepté de livrer à Yabiladi les détails de son travail quotidien. Said est un père d'une famille nombreuse constituée de cinq enfants ainsi que son épouse et sa mère. Une lourde responsabilité qui l'a conduit à travailler comme vendeur ambulant de nourriture pour satisfaire les besoins de son entourage et leur offrir une vie plus agréable. Il vend essentiellement un plat constitué de viande de tête de veau et de pois chiches. 17 ans de bons et loyaux services La journée commence aux aurores pour ce travailleur acharné, dès l'appel à la prière du Fajr. Il commence alors à préparer la nourriture et les ustensiles dont il a besoin. A partir de 9 heures, Said pousse sa charrette vers l'endroit qu'il occupe depuis près de 17 ans pour 600 dirhams par mois. Il commence alors à cuisiner la nourriture pour ses clients affamés. «Au début, je cuisinais chez moi, mais les voisins commençaient à se plaindre de l'odeur de la nourriture. Ils ont porté plainte auprès des autorités. J'étais obligé de trouver une alternative et j'ai loué cet endroit à 600 dirhams que j'occupe pour cuisiner», déclare Said à Yabiladi. A midi, il se dirige d'un pas décidé vers l'endroit où il vend la nourriture qui est à quelques mètres de l'endroit où il cuisine. Sa charrette est alors dans une vaste place près des magasins du souk Korea à Casablanca. Au moment du déjeuner, les clients s'empressent d'entourer la charrette aux marmites pleines de nourriture. Certains sont des vendeurs des magasins alentours, d'autres des travailleurs dans le bâtiment et des étudiants aussi. Ils déboursent environ cinq dirhams pour déjeuner chez Said. Said a un seul plat qu'il propose à la vente, qu'il a préparé préalablement avec de la viande de tête de veau avec des pois chiches et des épices ainsi que du persil, de la coriandre et de l'ail. Le père de famille veille minutieusement à la propreté. Humilité et générosité Le premier client de Said aujourd'hui est venu directement vers la charrette située à son lieu habituel. Il déclare à Yabiladi après avoir pris une demi-baguette emplie de la mixture encore fumante : «Ce monsieur je le connais depuis plus de 14 ans. Il vend de la nourriture propre et saine et on ne se plaint jamais de sa nourriture. Le prix me convient parfaitement». Aux alentours d'une heure de l'après-midi, Said peine à s'éloigner de sa charrette et est complètement immergé dans son travail. Agglutinés autour de lui beaucoup de clients dans une petite surface qui ne dépasse pas quelques mètres. «Ce que je vend aux clients, je le mange également chez moi avec ma famille (…) j'ai eu des propositions de travail dans d'autres endroits. Mais je ne peux quitter ce lieu. J'ai des clients qui viennent manger chez moi quotidiennement», confie Said. Le Casablancais garde espoir de travailler un jour «dans un endroit avec un meilleur confort. Il y a quelques familles qui veulent manger ici, mais elles veulent avoir une table où s'assoir, un endroit où ils peuvent se laver les mains». De nombreux clients de Said le connaissent vu qu'il se trouve au même endroit depuis 17 ans. L'un d'entre eux confie : «Je mange chez Said depuis mon enfance. La nourriture qu'il prépare est faite avec soin. J'aime beaucoup ce monsieur et il mérite de travailler dans un meilleur endroit pour vendre ses plats. Il se comporte avec tout le monde avec patience. Même ceux qui ne peuvent pas payer mangent chez lui parfois». Nous avons laissé Said, complètement immergé par les nombreux clients qu'il sert, toujours avec un sourire aux lèvres et reconnaissant : «je suis heureux de ce que Dieu me donne».