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Mode de vie: business connection
Publié dans La Gazette du Maroc le 22 - 05 - 2009

Il n'y a pas si longtemps, le sujet n'intéressait que les gazettes européennes. Persuadés, à juste titre, que nous étions à des années lumières de ce genre de problème. Las, ce beau temps est fini ; le syndrome de la malbouffe n'épargne pas le Maroc.
La restauration rapide fait des émules et c'est à croire que plus c'est gras, sale et dégoulinant, plus l'affaire marche. La cuisine des familles et même la gastronomie, ont été sacrifiées sur l'autel de la rapidité, du bon prix et du mauvais goût.
Par commodité, par habitude, le Marocain mange de plus en plus mal : pseudo-pizza noyée sous une tonne de mayonnaise, chawarmas parfumées au gaz carbonique et frites, constituent l'essentiel des repas pris à l'extérieur. Le chiffre d'affaires des «restaurateurs» augmente en même temps que les chiffres sur l'obésité et les affections digestives.
Du tagine à la chawarma
Incontestablement, les habitudes alimentaires ont subi un véritable chamboulement. Après le tagine qu'on pensait indétrônable, les Marocains ont cédé aux sirènes de la «modernité» : la sandwichmania aux différentes appellations. Du complet au spécial en passant par le tunisien, les appellations s'appliquent à un contenu quasi-identique : des frites préparées dans une huile noirâtre cent fois utilisée, de la laitue flétrie, de la tomate à la limite du pourri ; le tout, fourré dans du pain industriel par une main à la propreté douteuse. Après avoir goûté aux «délices» du spécial acheté au hamburger du coin, les Marocains ont découvert la chawarma, une spécialité turque, recyclée libanaise, très en vogue en ce moment. Les escalopes de dinde embrochées font des ravages. Ni le fait que le tournebroche soit installé sur le trottoir, ni celui que la recette ressemble vaguement à l'originale, ne repoussent le client affamé qui salive à la vue des broches qui commencent à tourner très tôt le matin pour être consommées plusieurs heures plus tard. Le business de la chawarma semble avoir de beaux jours devant lui. As du copier/coller à la va comme j'te pousse, les Marocains observent et apprennent vite. Ils se permettent même de «marocaniser» la recette et de saupoudrer la pizza de vilaine poudre de cumin ranci. Quand on pense qu'en Italie la pizza a été labellisée par décret !
L'irrésistible appel du ventre
Comment en est-on arrivé là ? Probablement que les changements qui ont ébranlé la société n'ont pas épargné l'alimentation. Pressé, stressé, le Marocain mange n'importe quoi, pour peu que cela ne soit pas trop cher, pas trop loin de son lieu de travail. Les lieux sont sales, les odeurs peu sympathiques… Le serveur a un panaris ? Pas grave. Rien n'arrête le chaland. L'appel du ventre est plus fort que celui de la raison. En quittant son lieu de travail, l'université, le collège ou le lycée, des hordes de personnes affamées prennent d'assaut les fast-food. On joue des coudes pour commander, qui, son frites-omelette, qui, son complet. Derrière le comptoir, les vendeurs suent, s'essuient le front et continuent de servir. La scène ne choque plus personne. C'est rentré dans l'ordre des choses de voir les vendeurs transpirer, se curer le nez tout en répondant avec le sourire à leurs clients résignés mais surtout affamés.
Mayonnaise, ketchup ?
A peine la commande passée, le vendeur pose la question qui tue : «Ketchup, mayonnaise ?» Si par malheur, un client ose répondre «rien», il est tout de suite classé dans la catégorie des personnes hautement suspectes. Un frites-omelette viande hachée sans ketchup ? Une tranche de pizza sans mayonnaise ? Non, franchement, ce n'est pas considéré comme vraiment sérieux. Quant à celui qui ne met pas des litres de ketchup dans son sandwich… C'est devenu si «normal» de faire des mélanges aussi détonants que plus personne ne se demande pourquoi tant de crèmes dégoulinantes aux couleurs acidulées ? C'est que la nourriture servie est si insipide que les clients sont obligés de relever le goût en usant d'artifices. On le sait, mais on fait comme si de rien n'était. Après avoir dégusté ce festin, ils repartent enfin repus, faisant semblant de n'avoir pas vu les mains sales du vendeur, de n'avoir pas vu les cafards se promener librement sur le comptoir.
Pour 30 DH, il ne faut pas faire la fine bouche
Pourquoi alors, tout le monde cautionne-t-il cet état de fait ? Probablement par commodité et par habitude. Après une demi-journée de travail, un petit-déjeuner pas du tout exemplaire, le Marocain moyen se dirige directement, comme hypnotisé, vers le fast-food d'en face. C'est exactement sur ce genre de réflexes que les barons de la malbouffe ont assis leur règne. Ils comptent sur l'habitude, la flemme et le manque de moyen. Pour 30 DH, les restaurateurs estiment que le service ne peut être que minimum. Au mépris des règles élémentaires de propreté, ils narguent aussi bien les clients que les services chargés du contrôle de la qualité qui s'avouent impuissants face au règne de la saleté. Pourtant, ce n'est pas les contrôles qui manquent. Les intoxications également. 3 000 à 5 000 cas d'intoxication sont recensés chaque année au Maroc. Les urgences des hôpitaux pullulent de personnes se tenant le ventre, vomissant et victimes de diarrhées. Les médecins reconnaissent tout de suite les symptômes de l'intoxication. Pourtant, la victime qui, après avoir avalé un sandwich se retrouve à l'hôpital, oublie vite cet épisode. La preuve ? Le lendemain, elle se redirige presque machinalement vers un autre lieu de restauration. Le pire, c'est que le lieu choisi ressemble étrangement à celui de la veille, mais le Marocain aime vivre dangereusement.
L'habitude qui tue
On se dit pourtant, qu'il doit certainement aspirer à mieux. Il préfèrerait certainement un bon petit plat mitonné au sandwich dégoulinant. Un bon poisson cuit à l'étouffée avec tomates et oignons, vaut tout de même mieux qu'un frites-omelette ? Eh bien, apparemment, les habitudes ont la peau dure. C'est Tarek qui le confirme. Habitué à manger tout et n'importe quoi, il a eu les pires douleurs après avoir dégusté la chekchouka amoureusement préparée par sa belle-mère tunisienne. Incroyable ? Eh bien non ! «J'ai mangé tellement de choses déguelasses, que les choses trop propres me font mal», dit-il. C'est probablement le cas de beaucoup d'autres personnes victimes de la malbouffe, mais qui justifient cela non pas par «mauvais goût» mais par nécessité. Beaucoup certifient que s'ils avaient les moyens de se payer tous les jours un restaurant non pas chic mais tout juste acceptable, ils le feraient.
Les promoteurs de la restauration rapide ont trouvé le talon d'Achille du consommateur : son porte-monnaie et ils abusent allègrement de cette situation.
C'est ce qui explique certainement qu'ils ne font aucun effort pour offrir un cadre plus agréable, des menus plus adaptés. Pourquoi se donner tant de peine ?
Et si on revenait à la bonne vieille cantine ?
A la question de savoir si le Marocain sait encore manger, on s'abstiendra d'être catégorique. Conditionné, mal payé, stressé, affamé, il est presque normal de se ruer sur les fast-foods avec une seule envie : atténuer la sensation de la faim. Les puristes, les adeptes de la cuisine saine peuvent répliquer qu'on peut manger sainement en ne dépensant pas plus. Comment ? En trimbalant tous les matins, comme autrefois, une boîte contenant les restes du dîner de la veille. C'est certes contraignant, mais beaucoup moins risqué. Au Japon, c'est même une tradition séculaire. Les patrons des grandes boîtes ne mangent que ce que leurs épouses préparent et envoient par porteurs attitrés. Ils font du porte-à-porte, et à midi, la petite gamelle est entre les mains de son destinataire. Avis aux amateurs. Il y a là, une niche opportune pour les petits malins.
Glaciers. Le marc dans la tasse
Curieuse pratique que celle de ramasser le marc dans les cafés. Des individus font le tour des glaciers et, avec la complicité de certains serveurs, ils récupèrent le marc qu'ils appellent «café étalé». Pourquoi ? Parce qu'ils le font sécher sur les terrasses des maisons, y rajoutent une petite quantité de café moulu, de dernière catégorie, l'emballent et l'écoulent dans des villages et douar-s. Comme dans ces régions lointaines on mélange le café au lait, gingembre et autres épices, on ne se rend pas compte tout à fait du goût du café. Ceci, lorsqu'on n'y ajoute pas les pois chiches écrasés.
Brasseries. Des olives périmées pour les buveurs
Certains bars de Casablanca et d'ailleurs servent à leur clientèle des olives périmées.
Refoulés par certains pays européens lors d'opérations d'export, des centaines de fûts devant être incinérés ou enterrés dans les décharges publiques, sont détournés à la sortie du port, récupérés et écoulés clandestinement à des prix bas. Leur goût est amer et leur couleur pâle…
Epices. Du piment rouge, rouge
et cancérigène
En 2004, un magistrat du tribunal de Première Instance de Béni Mellal, devait statuer sur une affaire de piment douteux. Le dossier a été ouvert suite à une plainte accusant une vieille dame de Fkih Ben Saleh, illettrée, qui avait fabriqué un piment rouge avec un goût particulier qui plaisait énormément aux ménagères. Ce piment devenait presque unique sur le marché. Lorsqu'un échantillon a été envoyé au laboratoire officiel pour analyse, les experts ont découvert un colorant pour la laine. Un produit cancérigène…


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