Amnesty International réagit aux heurts qui ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre, le 14 mars dernier à Jerada. Amnesty International a publié, samedi, un article où elle commente les événements qui ont lieu dans la ville de Jerada. «Les forces de l'ordre marocaines doivent arrêter d'utiliser la force excessive et l'intimidation envers les manifestants pacifiques», lit-on dans la même source. Amnesty International réagit à une vidéo qui est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, montrant cinq véhicules policiers foncer dans une foule de manifestants, le 14 mars. «Une douzaine de personnes» ont été blessées, rappelle le document. «Les autorités doivent autoriser les manifestations pacifiques en priorisant la sécurité des manifestants. Les personnes sont libres d'exercer leur droit à la liberté d'expression et aux rassemblements pacifiques. Les forces de l'ordre ne devraient jamais être autorisées à utiliser la force excessive à l'encontre de ces manifestants», déclare Heba Morayef, la directrice régionale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord au sein d'Amnesty International. Et d'ajouter : «Ces protestations ont lieu pour répondre à des difficultés économiques. Le rôle de la police est de protéger les citoyens, de calmer cette situation tendue et non de l'aggraver. Le fait qu'une protestation n'ait pas été explicitement autorisée n'est pas une justification pour l'usage excessif de la force.» Des heurts qui ont dérapé Le 14 mars dernier, une douzaine de manifestants ont organisé un sit-in près des mines de charbon. Trois heures plus tard, ils ont été rejoints par leurs familles, bravant ainsi l'interdiction d'organiser des manifestations dans la ville de Jerada, communiquée la veille par le ministère de l'Intérieur. Deux témoins oculaires ont indiqué à Amnesty International que «les forces de l'ordre étaient présentes dans le sit-in dès le début, aux alentours de 10 heures du matin. Vers 13 heures, soudainement et sans prévenir, ils ont commencé à disperser violemment la protestation, où des femmes ont été battues. Cela a conduit à une confrontation entre les manifestants et les forces de l'ordre. Les protestants ont commencé à jeter des pierres et mené d'autres actes de violence». Selon ces témoins, «64 personnes ont été blessées et au moins huit ont été arrêtées». De son côté, l'Etat affiche une autre version. L'Agence France-Presse a interviewé Abderrazzak El Gourji, secrétaire général de la préfecture de la région de l'Oriental, qui affirme que «les heurts ont fait '312 blessés chez les forces de l'ordre et 32 chez les manifestants'». Deux membres de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) ont, quant à eux, déclaré à Amnesty international «qu'autour de 18h30, cinq camions de police ont foncé dans la foule pendant 15 minutes, blessant au moins une personne. Une vidéo publiée sur YouTube le 14 mars, vérifiée par Amnesty International, montre en effet les camions qui fonçaient dans la foule constituée de femmes et d'enfants». La même source précise qu'un adolescent de 14 ans a été «écrasé avant d'être transféré à l'hôpital d'Oujda. L'accès à l'hôpital a depuis été interdit».