A défaut d'un déplacement officiel au Maroc du président malien, en poste depuis 2013, son nouveau Premier ministre entame une visite de deux jours à Rabat. Même si Bamako est toujours sous l'emprise politique de l'Algérie, le royaume a entre ses mains la carte sécuritaire. Le Premier ministre malien, Soumeylou Boubéye Maïga, est actuellement au Maroc. «C'est une visite de remerciement et de reconnaissance du rôle joué par le Maroc dans la stabilisation du pays, d'autant que des sécuritaires marocains ont récemment entraîné des unités des forces maliennes à combattre les groupes terroristes», nous confie Ali Ansari, le directeur du Centre Tombouctou des études. Et d'ajouter : «Certes, le royaume est le premier investisseur au Mali et pourtant le pays demeure toujours sous l'emprise politique de l'Algérie. Preuve en est, l'absence d'une seule visite officielle du président Ibrahim Boubaker Keita au Maroc, alors que le roi Mohammed VI s'est rendu à Bamako à deux reprises en 2013 et 2014. Au Mali, Alger est source de problèmes et elle souhaite assumer seule le rôle de la solution. Ce qui est d'ailleurs une contradiction.» Par ailleurs, le chef d'Etat a effectué deux déplacements en Algérie, en mars et septembre 2015. Le pays est toujours sous influence algérienne L'actuel chef du gouvernement est-il en train de rééquilibrer les relations de son pays avec les deux puissances régionales ? Ali Ansari semble dubitatif : «Sur le plan politique, il ne faut pas s'attendre à des merveilles de la venue à Rabat de Soumeylou Boubéyé Maïga. En cause, l'influence grandissante de l'Algérie. Ceci dit, les liens sécuritaires devraient connaître une évolution, sachant que le Premier ministre a déjà occupé le maroquin de la Défense et a été directeur des renseignements maliens.» A ce facteur s'ajoute la participation de Rabat au dernier sommet de Bruxelles, le 23 février, sur le financement du G5 au Sahel. Une opportunité, pour le Maroc, de consolider davantage ses liens avec la hiérarchie militaire malienne. En effet, la constitution algérienne n'autorise pas son armée à se déployer à l'extérieur de son territoire. Le directeur du Centre Tombouctou des études indique également que l'actuel chef du gouvernement assume cette fonction pour une durée limitée dans le temps, soit jusqu'à la tenue des élections présidentielles du 29 juillet prochain : «Le prédécesseur de Soumeylou, Idrissa Maïga, a été nommé directeur de la campagne électorale du président Keita et devrait reprendre ses fonctions, une fois la victoire du chef de l'Etat sortant déclarée officiellement.» Pour rappel, Soumeylou Boubéye Maïga s'était rendu en Algérie le 13 janvier, soit deux semaines après sa nomination en tant que chef du gouvernement.