Dans une étude démographique sur la population musulmane, la principale fédération islamique du pays déplore une forte absence d'imams, malgré la présence d'un réseau associatif étoffé. Neuf élèves de confession musulmane sur dix n'ont pas accès à des cours de religion islamique en Espagne. C'est l'une des principales conclusions d'une étude démographique sur la population musulmane, élaborée par l'Union des communautés islamiques d'Espagne (UCIDE), relayée lundi par le journal régional Noticias de Navarra. A cet égard, la plus importante fédération islamique d'Espagne, avec la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI), rappelle que le programme des cours d'enseignement religieux islamique avait été approuvé et publié en 1996, ainsi qu'un accord relatif à l'embauche des enseignants. Or, à l'heure actuelle, huit communautés autonomes sur les 17 que compte l'Espagne répondent au minimum légal. De ce fait, l'UCIDE souligne que le corps enseignant en matière d'enseignement religieux islamique connaît un taux de chômage de 95% ; un chiffre particulièrement élevé, corollaire à la quasi-absence de cours de religion islamique. Des imams trop peu présents Les imams sont peu nombreux, à en croire les données de l'UCIDE. Rien qu'au sein des unités militaires à majorité musulmane, ils sont aux abonnés absents, tandis qu'un décret datant de 1990 stipule que les militaires de confession catholique peuvent bénéficier d'un «Service d'assistance religieuse des forces armées» (SARFAS). Dans l'administration pénitentiaire, ils sont au nombre de vingt. Ils officient dans le cadre d'une convention économique pour les assistants religieux islamiques, signée en 2007. En 2008, une autre convention avait été signée, cette fois-ci relative à l'assistance religieuse dans les centres de détention pour étrangers. Là encore, leur présence est réduite : à l'échelle nationale, ils ne sont que sept à être mobilisés dans ces structures. La Fédération relève d'autres vides à combler : 13% des communautés islamiques d'Espagne ne disposent pas d'une mosquée ou d'un lieu dédié à la pratique de leur culte, alors que 95% ne possèdent pas de cimetière musulman. Les 17 régions espagnoles, auxquelles il faut ajouter les deux villes autonomes de Ceuta et Melilla, comptent en effet seulement 34 cimetières musulmans. Le tissu associatif semble en revanche plus étoffé : le registre des entités religieuses (RER), élaboré par le ministère de Justice, dénombre, à fin 2017, 47 fédérations confessionnelles islamiques, 1 562 communautés religieuses et 21 associations confessionnelles. Principalement installés dans la moitié sud-est du pays Dans un autre registre, l'UCIDE dresse le panorama géographique des musulmans d'Espagne. Au 31 décembre 2017, ils représentent environ 4% de la population totale espagnole, ressortissants étrangers compris. Le document précise que 43% de la population musulmane est espagnole, contre 57% issue de l'immigration : 38% sont marocains, tandis que les 19% restant se répartissent entre les Pakistanais, principalement installés dans les provinces de Barcelone et La Rioja, les Sénégalais (provinces de Tarragone, Pontevedra et Lérida) et les Algériens (provinces de Saragosse et Pontevedra). Ils sont suivis par d'autres nationalités, comme les Bangladais, les Nigérians, les Gambiens, les Maliens et les Guinéens. Globalement, en termes de répartition géographique, les citoyens de confession musulmane se concentrent principalement dans la moitié sud-est du pays, notamment dans les communautés autonomes d'Andalousie, de Catalogne, de Madrid et de Valence, suivie de Murcie et des villes autonomes de Ceuta et Melilla.