Après le référendum constitutionnel, le Maroc s'apprête pour les législatives. La date du 7 octobre, si elle est confirmée convient déjà à l'ensemble de la classe politique, à l'exception du PJD et de l'USFP. Ces deux partis estiment très court, les deux mois et demi restant pour l'adoption du Code électoral ainsi que de nombreux autres textes, comme la loi organique sur le vote et l'éligibilité des Marocains résidant à l'étranger. «Les concertations sur la date des échéances électorales n'ont pas encore pris fin», déclarait jeudi dernier, Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Pourtant, la plupart des partis politiques restent en faveur de la tenue des législatives en octobre prochain. Seuls le PJD de Benkirane et l'USFP de Radi continuent de ramer à contre courant du reste de la classe politique. Contrairement au Parti de l'Istiqlal, du RNI, ou encore du PAM, ces deux formations assurent que le calendrier est trop serré pour d'une part, l'organisation des élections dans quelques deux mois et demi, et d'autre part, pour l'adoption des textes devant permettre la tenue du scrutin, à savoir le Code électoral, la loi sur les partis politiques et le règlement intérieur du Parlement. Or, certaines de ces questions continuent de faire l'objet de discussions entre le ministère de l'Intérieur et les partis politiques. Une session extraordinaire est prévue le mois prochain au Parlement pour l'adoption des lois portant sur ces chantiers en cours, nous renseigne un parlementaire. Ce qui permettra de baliser le terrain pour l'organisation des élections législatives. De nombreux préalables Il n'empêche, du côté des deux formations opposées à la tenue du scrutin en octobre, on reste sceptique quant à la qualité des débats sur ces textes qui devront fixer le seuil électoral, les limitations à la transhumance des élus, l'utilisation ou non de la carte électoral uniquement, les limites territoriales des circonscriptions électorales et préciser le règlement intérieur du Parlement, notamment en ce qui concerne le nombre de sièges et le cumul de mandats. Pour Omar Abbadi de l'USFP, l' «adoption définitive [de ces textes] par les deux Chambres prendra au moins un mois». L'exigence d'établir de nouvelles listes électorales ou la révision demandée par certains partis de l'Administration territoriale (de nombreux walis et gouverneurs étant réputés proches du PAM) risquent de passer à la trappe, selon Mustapha Ramid, membre du secrétariat général du PJD. «Nous voulons des élections qui vont démocratiser le Maroc. Ce qui n'est pas le cas» avec le processus électoral actuel, proteste-t-il. Non sans ajouter qu'avec l'arrivée du Ramadan, suivi de la fête de l'Aïd et de la rentrée scolaire, les législatives risquent de ne pas mobiliser grand monde, contrairement au référendum avec un taux de participation de plus 73% des inscrits. «L'objectif derrière ceci, s'interroge Omar Abbadi, [n'est-il pas] de démontrer que le problème ne vient pas du système, mais des partis politiques et que c'est l'occasion de leur donner le coup de grâce, de les décrédibiliser une fois pour toutes aux yeux des citoyens et par la même occasion approfondir la crise et le manque de confiance dans les institutions» ? Le commentaire est libre ! Et l'éligibilité des MRE ? Du côté des MRE, que les élections aient lieu en octobre ou au-delà, on s'impatiente de savoir si leur «droit d'être électeurs et éligibles» prévu par l'article 17 de la constitution sera effectif dès les prochaines législatives. Interrogés sur la question, le PJD et l'USFP expliquent que cela dépend de l'adoption d'une loi organique. Cette loi devrait «déterminer les modalités de l'exercice effectif du droit de vote et de candidature à partir des pays de résidence». Mustapha Ramid espère qu'une telle loi sera discutée lors de la session extraordinaire du Parlement, mais si elle ne l'est pas, les MRE devront attendre les prochaines législatives.