La Société des sels de Mohammedia, inscrite sur la liste des entreprises privatisables depuis 2003, vient d'être cédée officiellement, vendredi 15 juillet, à la société Delta Holding, pour un montant de 655 millions de dirhams. Symptomatique de la déterioration du budget de l'Etat, elle est la première privatisation depuis 3 ans. Avec un prix de départ, lors de l'appel d'offre, fin mars 2011, de 450 millions de dirhams, la société des sels de Mohammedia (SSM) a été cédée en totalité à Delta Holding pour 655 millions de dirhams. Elle devient la 23e société à rejoindre le giron de la holding marocaine, fondée en 1974 et introduite en bourse en 2008. Pour l'heure la SSM est la seule entreprise publique, inscrite sur la liste des sociétés en cours de privatisation 2011 («programme en cours») à avoir été effectivement privatisée. Cette cession constitue aussi la première privatisation depuis 3 ans. Maroc Telecom pourrait suivre la SSM. Reuters évoque le retour de sa privatisation dans l'agenda du gouvernement. En 2001, 35% des parts de Maroc Telecom avaient été cédées à Vivendi Universal. Sa privatisation s'est principalement poursuivie, ces dix dernières années, par des cessions partielles de capital sur les bourses de Paris et Casablanca. L'an dernier, une nouvelle cession de 8% de ses parts à Vivendi était programmée, mais n'avait finalement pas eu lieu. «L'Etat n'avait pas réellement besoin de vendre ces entreprises et attendait la meilleure occasion pour le faire», explique Mohamed Chiguer, docteur en économie. Depuis 2009, la conjoncture s'est détériorée : la part de la dette extérieure publique dans le PIB repart à la hausse, pour la première fois depuis 10 ans. De 46,7% du PIB en 1998, la dette est passée à 19,4% en 2008. Elle était de 20,7% en 2009 et 22,3% en 2010. Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, table notamment sur les privatisations pour faire baisser le déficit budgétaire de 4,5% du PIB en 2010 à 3,5% en 2011. Depuis 1993 et le lancement du programme de privatisation au Maroc, 56 cessions - parfois plusieurs pour une même société, comme pour Maroc Telecom - ont eu lieu pour un montant total de près de 87 milliards de dirhams. De 7 à 8, les trois premières années, leur nombre a progressivement baissé jusqu'en 2007. Depuis, selon le ministère des Finances, aucune privatisation n'a été faite par l'Etat. 7 des 8 entreprises inscrites sur la liste de 2011 l'étaient déjà en 2003. Peut-être la plus ancienne d'entre elles, Sococharbo a connu son premier appel d'offre en 1993. De même, si le Crédit Immobilier et Hôtelier est le seul nouveau venu sur la liste des sociétés à céder en 2011, sa privatisation est en ligne de mire depuis sa restructuration, en «banque comme les autres», en 1995. «La situation de ces deux dernières années est très différente de celle de 2007-2008, c'est pour cela que l'Etat pense à nouveau à vendre ses bijoux de famille», explique Mohamed Chiguer.