Les passagers de Royal Air Maroc ce week-end pensaient avoir tout vu en termes de désorganisation et de pagaille : annulation de vols, retard de plusieurs heures, absence de prise en charge par les services de la RAM… Ce n'est pourtant rien face à ce qu'ont vécu les passagers du vol AT641 à destination de Marrakech. Après des annulations, des retards, un transfert de Orly vers Roissy, ils ont vécu la frayeur de leur vie avec un des réacteurs de l'avion qui a pris feu après 15 minutes de vol. Aurore Chaffangeon, directrice du magazine Madame in Marrakech, installée au Maroc depuis 13 ans, raconte son périple. Interview. - Yabiladi.com : Vous faites partie des passagers qui ont dû subir la récente pagaille des vols de la Royal Air Maroc. Racontez-nous votre périple. - Aurore Chaffangeon : Tout a commencé dimanche 3 juillet aux alentours de 13h. Je me présente à l'enregistrement de mon vol RAM pour décoller à 14h30 d'Orly. J'apprends que le vol est annulé. Je suis enregistrée sur le vol de 21h50. A 20h, retour à l'aéroport, c'est la cohue. Tous les vols pour Marrakech et Casablanca ont été annulés. Des centaines de passagers protestent. Face à ce mécontentement, les agents de la RAM ont exercé leur droit de retrait. En clair, tout le monde a déserté, le guichet RAM est fermé. A la place, nous nous retrouvons face aux gendarmes et à l'armée… Au final, je suis enregistrée sur un vol qui doit partir dans la nuit de Roissy. D'autres passagers passeront la nuit à l'hôtel pour un départ le lendemain matin. - Lorsque votre avion a enfin décollé de Roissy, vos ennuis ne faisaient que commencer… - C'est le moins que l'on puisse dire… A 3h du matin, nous décollons. 15 minutes plus tard, des flammes sortent du réacteur gauche. Une double explosion se fait entendre. Quelques minutes plus tard, on nous prévient que «suite à un incident technique» l'avion va se poser à Paris. Nous survolons la ville près de 30 minutes, sans doute le temps de larguer le kérosène. - Comment ont réagi les autres passagers ? - Bizarrement, très calmement. Il n'y avait pas un bruit dans l'avion. Nous retenions tous notre respiration en attendant l'atterrissage. Quand nous avons senti que nous touchions terre, nous avons tous poussé un énorme «ouf» de soulagement. - Avez-vous été pris en charge après ce grave incident ? - J'ai envie de rire à votre question ! Quand nous avons atterri, nous avons eu pour comité d'accueil une quinzaine de camions de pompiers et un peloton de gendarmerie. Par contre, nous n'avons pas vu la couleur d'un agent de la RAM… Du coup, une fois nos bagages récupérés (certains sont sortis carbonisés, ou plutôt fondus par l'effet sans doute d'une température élevée, ce qui laisse supposer que le feu avait pris dans l'avion), nous avons pris, à nos frais, un taxi pour Orly. - Finalement votre périple a-t-il trouvé une issue ? - Oui ! A 6 heures du matin, nous arrivons à Orly. Au guichet de la RAM (cette fois il y avait quelqu'un), nous demandons ce que nous devons faire. Notre interlocutrice ne comprend pas vraiment d'où nous surgissons tous… Après un bref échange avec la chef d'escale, il est convenu que nous embarquions sur le vol de 7h, avec nos camarades qui avaient passé la nuit à l'hôtel. Petite note d'humour : la personne à l'enregistrement nous a demandé de sortir notre réservation. Tout le monde s'est mis à rire… Encore fallait-il savoir de quel vol ! Nous en étions à notre 4e enregistrement en mois de 24h… Quand nous avons enfin embarqué à 8h, lundi matin, un papier nous a été remis. Il stipule que «la compagnie Royal Air Maroc atteste que le vol AT641 du 3 juillet 2011 à destination de Marrakech a subi un retard d'environ 19 heures en raison d'un problème technique à Essaouira». A ce stade, il vaut mieux en rire qu'en pleurer ! - A votre arrivée à Marrakech vous êtes-vous plaints auprès de la RAM ? - A mon arrivée, je voulais surtout comprendre ce qui s'était passé. Je me suis donc permis d'appeler la responsable de la RAM à Marrakech. Bien mal m'en a pris… Elle n'a pas compris que je fasse toute une histoire alors que j'étais en vie !!! Pour elle, les problèmes techniques relèvent du quotidien, sauf que les passagers ne s'en rendent pas toujours compte puisque, des fois, ça ne se voit pas (!). Un réacteur en feu ? Oui, et après ? Y'en a toujours un qui marche ! Après quelques minutes d'échanges assez vifs, cette personne a conclu qu'elle n'était pas habilitée à me fournir de renseignements et elle m'a donné le numéro de téléphone du service communication de la RAM. A cette heure, j'ignore donc toujours ce qui s'est passé sur notre vol…