L'émission «Faites entrer l'invité», diffusée sur Radio 2M en collaboration avec Yabiladi, donne aujourd'hui la parole à un Marocain ayant été déporté d'Algérie vers le Maroc le 18 décembre 1975. 42 ans après l'expulsion de près de 350 000 Marocains vivant en Algérie, la blessure est toujours ouverte. A cette occasion, la sortie d'un livre intitulé «Les fourmis prédatrices, ou l'itinéraire d'un expulsé d'Algérie», remet en lumière le parcours de ce Marocain, contraint de quitter son pays natal, l'Algérie, dans des conditions particulièrement pénibles. 350 000. C'est le nombre de Marocains déportés d'Algérie en décembre 1975. En effet, ces centaines de milliers de ressortissants ont été convoqués au petit matin dans des commissariats algériens, interrogés tels des malfrats avant d'être parqués. Beaucoup d'entre eux ont été séparés de leurs enfants ou de leurs parents en un claquement de doigt. Ce mercredi, l'émission «Faites entrer l'invité», présentée par Fathia El Aouni, rédactrice en chef de Radio 2M, et Mohamed Ezzouak, directeur de publication de Yabiladi, est revenue sur le parcours d'un Marocain expulsé d'Algérie. Son récit fait aujourd'hui l'objet d'un livre, «Les fourmis prédatrices, ou l'itinéraire d'un expulsé d'Algérie». L'émission a donné la parole à Mohammed Moulay, qui avait été expulsé d'Algérie à un jeune âge, et à Fatiha Saïdi, l'auteure du livre, qui s'est également exprimée au micro de Radio 2M au sujet de sa collaboration avec Mohammed. La Marche noire 42 ans plus tard, les Marocains expulsés d'Algérie n'ont rien oublié. Un livre retraçant le parcours et l'histoire d'une famille marocaine va sortir dans quelques jours au Maroc et sera présenté à la Bibliothèque nationale du royaume à Rabat. «Les fourmis prédatrices» fait référence à la police algérienne qui, en moins de 48 heures, et sous l'ordre de l'ancien président algérien Houari Boumédiène, a déporté des centaines de milliers de Marocains vers la frontière algérienne. Fatiha Saïdi, a rencontré Mohammed lors d'un colloque organisé par le Conseil consultatif des droits de l'homme (CNDH) sur la problématique de ces Marocains. Une rencontre décisive, puisque trois ans plus tard, un livre sera publié. «Nous avons été amenés à nous revoir à plusieurs reprises. On a travaillé pendant près de trois ans sur ce livre», a-t-elle déclaré à l'antenne. Le souvenir de cette déportation reste cependant impérissable pour Mohammed Moulay, qui témoigne de sa profonde blessure, aujourd'hui toujours ouverte. «Quand on est né en Algérie, on ignorait totalement qu'on était Marocains, on vivait paisiblement», dit-il. En 1963, les tensions comment à faire surface entre le Maroc et l'Algérie et se poursuivent jusqu'en 1968, date à laquelle plusieurs Marocains sont renvoyés de leur travail. Si certains Marocains ont adressé des demandes de naturalisation afin d'obtenir la nationalité algérienne, faute de quoi ils ne pourraient plus retrouver de travail et subvenir aux besoins de leurs familles, d'autres ont gardé leur titre de séjour. Mohammed Moulay en l'un d'eux. «Je m'en souviens encore : j'étais au collège et du jour au lendemain je me suis retrouvé sans bourse», témoigne encore celui qui vivait dans un petit village algérien paisible et sans histoire. Pour Fatiha Saïdi, un travail de recensement est important, ainsi qu'un travail historique et une documentation suffisante. Après leur expulsion, ces milliers de Marocains ont pris des chemins différents : si certains ont regagné le Maroc, d'autres se sont dirigés vers l'Europe.