Des acteurs associatifs et experts internationaux ont appelé mercredi les Nations unies, lors d'un séminaire à Genève, à tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur le dossier des déportations massives des familles marocaines d'Algérie en 1975. "Nous souhaitons plaider pour que la vérité soit établie sur les cas de disparition forcée de Marocains expulsés", a déclaré Boubker Largou, président de l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH), qui a co-initié la rencontre avec l'Association de défense des Marocains expulsés d'Algérie (Adema). Il a affirmé à ce propos que l'objectif premier du séminaire est de faire connaître le sort des victimes, mais aussi de les réparer et de leur rendre justice, relevant qu'il ne s'agit pas seulement d'une question d'expulsion arbitraire, mais aussi de violations graves des droits humains. Dans ce contexte, M. Largou a appelé les organes compétents au sein de l'ONU à mener une enquête sur les crimes commis à l'encontre de 45.000 familles marocaines, victimes de déportation arbitraire, de séparation et d'expulsion forcées dont les répercussions se font toujours ressentir. Organisée en marge des travaux de la 33e session du Conseil des droits de l'Homme, cette rencontre a été animée par le juriste suisse Patrick Dimier qui a souligné le besoin de trouver des moyens pour faire la lumière sur ce genre d'abus et réparer les familles des victimes. Le vice-président de l'Adema, Al-Hafed Berrachid, a de son côté expliqué qu'il s'agit d'un dossier de violations graves des droits de l'Homme, vu qu'il y a eu effectivement de nombreux cas de disparition forcée et de séparation familiale. "Il est grand temps de solliciter l'assistance d'ONG internationales qui défendent les victimes de disparition et de déportation forcées", a-t-il estimé, rappelant que le Comité de l'ONU pour les droits des travailleurs migrants avait recommandé aux autorités algériennes d'assurer la protection des droits des familles victimes d'expulsion. Le séminaire a été marqué par la projection d'un documentaire sur le drame de centaines de milliers de Marocains expulsés abusivement d'Algérie, une démarche qui a été adoptée par le pouvoir algérien peu après l'organisation de la Marche Verte. Ce documentaire présente des témoignages émouvants de plusieurs victimes dont les familles ont été déchirées et les biens totalement confisqués, sans réparation aucune du préjudice moral et matériel subi. Parmi ces victimes, Mohamed Cherfaoui, auteur du livre "La Marche noire" consacré à cet épisode douloureux, a souligné l'importance de sensibiliser la communauté internationale sur la souffrance continue des dizaines de milliers de familles marocaines. Une délégation conjointe de l'OMDH et de l'Adema devra tenir une réunion avec le Groupe de travail de l'ONU sur les disparitions forcées ou involontaires, afin d'exposer et présenter des plaintes de citoyens marocains victimes de disparition en 1975. En plus de l'ouverture d'une enquête sur les cas de disparition forcée, les deux associations appellent à connaître le sort des disparus, de déterminer les responsabilités sur les violations graves des droits humains commises par les autorités algériennes et la réparation des préjudices subis.