C'est dans un contexte particulier où résonnent avec force les grondements des tambours de guerre que le roi Mohammed VI effectue une mini-tournée dans deux pays du Golfe : les Emirats arabes unis et le Qatar. Sauf changement dans le programme, l'Arabie saoudite ne figure pas sur l'agenda royal. Le roi Mohammed VI est arrivé ce matin à Abou Dhabi. Les Emirats arabes unis sont la première étape d'une mini-tournée dans la région du Golfe qui comprendra également le Qatar. Ces deux visites interviennent dans un contexte tendu dans la région. En cause, le chamboulement opéré par le prince héritier en Arabie saoudite et ses corolaires politiques et économiques qui risquent d'affecter les investissements au Maroc de quelques personnalités arrêtées, tels le milliardaire Baker Ben Laden et le prince Al Walid Ben Talal. La visite aux Emirats devrait permettre de relancer les relations entre les deux pays, ralenties suite au rejet du royaume de s'embarquer dans l'aventure du blocus imposé, depuis juin dernier, au Qatar. Une opération dans laquelle Abou Dhabi joue les premiers rôles. Une médiation royale est-elle possible ? Une fois de plus est brandie la carte d'une éventuelle médiation marocaine dans le conflit entre les membres du Conseil de coopération du Golfe. Si la première tentative a échoué, il s'avère que les conditions géostratégiques laissent à Mohammed VI une marge en vue de convaincre les frères-ennemis d'enterrer la hache de guerre. Justement une possible guerre entre l'Iran et l'Arabie saoudite bouleverserait l'ordre des priorités. Doha, érigée en ennemi à neutraliser, deviendrait moins prioritaire pour les Emirats et Bahreïn. Deux pays qui risquent de payer un lourd tribut en cas de déclenchement d'un conflit armé entre Ryad et Téhéran. Suite au tir, samedi par les rebelles Houthis, d'un missile balistique en direction de l'aéroport de Ryad, le prince héritier saoudien a parlé d'une «agression militaire flagrante par le régime iranien qui pourrait équivaloir à un acte de guerre». La tension croissante entre les deux Etats profite à l'homme fort en Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane Al Saoud, qui tente d'asseoir son autorité en menant une vaste purge au sommet de l'Etat saoudien. Le Maroc et les aides financiers Outre le volet politique, l'économie est cruciale dans l'agenda royal. Le Maroc a grandement besoin des aides de ses amis du Conseil de Coopération du Golfe pour mener à bien ses projets d'investissements aussi bien à l'intérieur du pays qu'en Afrique. Les Emirats et le Qatar sont à même d'apporter les fonds nécessaires à la réalisation de programmes de développements lancés dans plusieurs régions du royaume. En revanche, l'Arabie saoudite a actuellement d'autres priorités. Les deux visites royales interviennent dans un contexte particulier pour l'économie marocaine. Les réserves en devises continent de fondre. Le 27 octobre, elles ont reculé de 8,3% par rapport à la même période un an auparavant, indique la banque centrale. Macron et Hariri également à Abou Dhabi Aux Emirats arabes unis, le roi Mohammed VI prendra part, le 11 novembre, à la cérémonie d'ouverture du «Musée du Louvre-Abou Dhabi». Une occasion pour lui de se réunir notamment avec le président français, Emmanuel Macron et le libano-saoudien Saâd Hariri. L'ex Premier ministre libanais envisage de quitter Ryad, où il a annoncé samedi sa démission, pour se rendre à Abou Dhabi pour s'entretenir avec le prince héritier Mohamed Ben Zayed.