Le Bahaïsme est une religion qui a été établie par Baha'u'llah en 1863, rassemblant les enseignements essentiels de toutes les religions et l'unité et l'égalité de tous les peuples. Tout récemment, les fidèles du Bahaïsme au Maroc se sont réunis pour célébrer deux occasions importantes selon leurs croyances, à savoir le 200e anniversaire du fondateur et messager du Bahaïsme le 22 octobre et la naissance de Hazrat al-Bab, qui a proclamé le statut de Mahdi également connu sous le nom de Douzième Imam dans l'Islam, le 21 du même mois. Entretien avec Mohammed Mansouri, membre du bureau de liaison des Baha'ies au Maroc. Où ont eu lieu ces célébrations ? Le Bahaïsme est célébré au niveau des communautés locales, soit collectivement, soit à l'échelle de régions éparpillées à travers le monde ou encore au niveau familial et/ou individuel. Il en va de même pour les Baha'ies du Maroc, qui ont célébré Baha'u'llah dans différentes villes du royaume telles que Rabat, Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Agadir, etc. Quels sont les rituels de ces cérémonies ? Merci d'avoir posé cette question parce qu'elle nous octroi la définition de ce que veut dire pour nous une fête religieuse. Il s'agit d'un pont étendu de la coexistence entre les cultures et les affiliations diverses plutôt qu'un engagement à certaines dispositions et pratique des rites religieux. La célébration de fêtes constitue l'occasion de présenter à la société les principes du Bahaïsme, ainsi que l'enseignement prôné par le Baha'u'llah, contribuant ainsi à l'approfondissement de la culture du vivre ensemble afin d'atteindre un but commun : le bien-être et la bonté de l'humanité tout entière. C'est la raison pour laquelle nous sommes prêts à partager avec nos amis et nos connaissances la célébration annuelle de ces évènements. Cette année, la «naissance de Baha'u'llah» et la «naissance de Hazrat al-Bab» ont coincidé avec la célébration du bicentenaire de la naissance de Baha'u'lláh. Raison pour laquelle on y a porté cette attention particulière. Nous croyons en le messager de la paix pour l'humanité et nous estimons que tous les êtres humains ont le droit d'être au courant de son apparition et d'avoir l'occasion de participer à cette cérémonie. Pour revenir à votre question, il ne s'agit pas vraiment de rituels mais la façon dont est célébrée cette cérémonie se divise en deux sections : une partie comprenant la récitation de textes religieux prières offrant une atmosphère spirituelle à la cérémonie ; la seconde partie, est à visée artistique et sociale, où on expose des partitions crées par des enfants et les jeunes. Des amuse-bouches sont servies en l'honneur du public présent à la cérémonie. Ce modèle de célébration reflète en fait un concept fondamental dont nous croyons consistant en l'harmonisation des aspects matériels et spirituels de la vie humaine. Est-ce que des baha'ies venant d'autres pays ont participé ? Comme je l'ai mentionné plus tôt, les festivités ont lieu partout dans le monde, par conséquent, il n'y a pas de présence étrangère officielle. Si la présence de certaines personnes venues au Maroc à des fins personnelles coincidait avec les festivités, chose courante, ils sont conviés au même titre que le reste des invités. Y a-t-il d'autres fêtes célébrées par les baha'ies ? Bien sûr, en plus des festivités dont je viens de parler, il y a la fête du Naw Rúz . Elle marque non seulement la nouvelle année selon le calendrier baha'ie, mais aussi la fin du jeûne de 19 jours, le nouvel an coïncide avec l'équinoxe de printemps dans l'hémisphère nord. Il y a aussi le festival Ridván, c'est le plus important festival du calendrier baha'ie, d'une durée de douze jours, où le travail et l'école doivent être suspendus.
Qui s'occupe de l'organisation de ces célébrations ?
Ce sont les forums spirituels locaux qui traitent des affaires religieuses et sociales baha'ies au niveau local.
Avez-vous un leader ou un guide spirituel au Maroc?
Je pense qu'il faut d'abord noter que la religion baha'ie élimine la question de l'existence pastorale. Les affaires éducatives et sociales des Baha'ie sont gérées par des institutions élues comprenant chaque année neuf membres, tant au niveau local, appelé forums locaux de la spiritualité, ou au niveau du pays, les «Assemblées spirtuelles». Ces dérnières représentent les institutions suprêmes des Baha'ies dans chaque pays.
Par conséquent, il n'y a pas d'autorité dans la religion baha'ie. Elle est entre les mains des institutions, et toutes les décisions sont prises à la majorité après une vaste consultation entre ses membres. Nous croyons que la justice, manifestée dans les institutions qui prennent soin du progrès et du développement de tous les peuples du monde, est l'un des plus grands dons de Dieu à l'humanité.
Possédez-vous des endroits publics pour effectuer vos prières ? Nous devons clarifier une question importante, à savoir que les rites de la religion baha'ie sont effectués la plupart du temps individuellement et ne nécessitent pas de lieux publics. On appelle les temples baha'ie «Mashariq Al-adkar» ; ces lieux de cultes sont ouverts à tout le monde, quelque soit la religion. Ces temples incarnent également le concept de service combiné au culte. Il s'agit d'un concept central dans les enseignements de la religion baha'ie où nous ne nous contententons pas seulement de prier, mais devons également rendre service à notre communauté avec sincérité.
Quelle est l'étendue du Bahaïsme au Maroc ? Il s'agit d'une question constamment posée, on ne dispose pas de statistiques précises à l'heure actuelle, et ce pour plusieurs raisons. On ne connaît pas tous ceux qui s'identifient à la religion baha'ie : un certain nombre de marocains a pris connaissance de l'existence de la religion baha'ie à l'étranger ou à travers internet et ne l'ont pas encore communqiuer. D'autre part, nous n'attachons pas une grande importance au nombre de croyants baha'ies, parce que ce qui nous préoccupe le plus est la diffusion du message de notre messager Baha'u'llah et le partage des enseignements prônés depuis plus de 150 ans. Pour nous, il s'agit du seul moyen pour atteindre l'unité de l'humanité et la paix universelle à laquelle nous aspirons tous. Quid du Bahaïsme Le bahaïsme est avant tout une religion qui se veut une finalité de toutes les religions du livre. Une religion née en Iran au XIXè siècle et plus précisément en 1863 sous l'égide de Mirza Husayn Ali Nuri, le messager divin iranien surnommé Baha'u'llah. Considéré comme le dernier des prophètes envoyé par Dieu sur terre par les baha'ie, Baha'u'llah fût l'initiateur de la religion. Le message du Baha'u'llah s'inscrit dans la continuité des révélations juive, chrétienne et musulmane. La religion baha'ie s'est répandue dans le royaume à partir de 1952 par la vague d'immigration venue du Moyen-Orient, qui comptait parmi elle des adeptes de cette religion. Le bahaïsme a commencé à faire couler de l'encre dès 1962 au Maroc, plus précisément à Nador, au nord du royaume. En cause, la tenue d'un procès qui avait fait polémique à l'époque. Les accusations portaient sur l'appartenance de treize jeunes Marocains et un Syrien à la religion baha'ie dont le jugement a condamné trois d'entre eux à la peine de mort, cinq à la prison à perpétuité et le reste à 15 ans de prison ferme. Une sentence qui avait soulevé de vives tensions et un tollé au sein de la société civile exprimant ainsi son soutien aux minorités. Les initiateurs du mouvement avaient été incarcérés en avril 1962 pour plusieurs motifs dont insurrection, atteinte à l'ordre public, formation d'une bande criminelle et atteinte à la religion de l'Etat. Ce n'est que le 10 décembre 1963, lors d'un procès en appel à la Cour de cassation qu'ils seront innocentés.