Chez les dirigeants politique algériens, l'accusation de blanchiment l'argent de la drogue par le Maroc ne constitue pas une nouveauté. D'autres responsables avant Abdelkader Messahel avaient commis le même dérapage. Mise en perspective. Faut-il s'étonner des propos diffamatoires d'Abdelkader Messahel à l'encontre du Maroc ? Certes le ministre des Affaires étrangères a franchi le Rubicond des règles de la bienséance diplomatique, néanmoins ses allégations ne constituent pas un précédent. Elles s'inscrivent plutôt en droite ligne avec des déclarations du même acabit exprimées par d'anciens responsables du voisin de l'Est au sujet du Maroc. En juin 2013, Mourad Medelci alors en visite de travail en Russie, accordait une interview à la très officielle chaîne «Roussia Al Yaoum». Il saisit cette tribune pour se plaindre «du problème de trafic de drogue», ajoutant que son pays «est presque visé». S'il n'a pas précisé par qui, son doigt pointait de toute évidence le Maroc. La suite des déclarations de l'actuel président du Conseil constitutionnel ne laissera plus de doute. «Des quantités importantes de drogue sont régulièrement saisies par les forces de l'ordre algériennes», expliquait-il. Et d'accuser vertement Rabat de laxisme dans la lutte contre le trafic de drogue : sur ce sujet «nous espérons une collaboration de la part du Maroc frère», lançait l'ex-chef de la diplomatie. Messahel n'a pas peur ! Des propos à l'origine d'une vive colère au royaume. Le ministère des Affaires étrangères réagissait immédiatement par un communiqué qui «dénonce vigoureusement l'esprit et la lettre de ces déclarations et regretter vivement ces positions anachroniques dans leur démarche et injustifiées dans leur substance». A l'occasion de son passage sur 2M, l'ancien ministre délégué aux Affaires étrangères Youssef Amrani révélait que les Algériens avaient rejeté le projet de créer un comité maroco-algérien composé des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur des deux pays pour traiter cette question. Une instance pourtant similaire à celle existant entre le Maroc et l'Espagne. Si l'accusation de trafic de drogue est devenue un refrain dans la bouche de certains officiels algériens, l'implication des autres Etats africains est une «innovation» signée Messahel. Auparavant Mourad Medelci ou Dahou Ould Kablia, respectivement anciens chefs de la diplomatie et de l'Intérieur, confortablement assis sur les centaines de milliards de dollars de réserves du Trésor algérien, considéraient avec dédain l'offensive marocaine sur le continent. La donne a changé et Alger en prend conscience. Ce qui expliquerait la réaction épidermique de Messahel : "Wahed ma ikhla3na".