Les relations maroco-algériennes sont au point mort. Le souhait de Rabat d'une normalisation se heurte à des conditions récemment émises par Alger. La lutte contre le trafic de cannabis en est l'une d'elle. Morad Medelci, le chef de la diplomatie a sous-entendu que son pays «est presque visé» par le Maroc. Le ministre algérien des Affaires étrangères a effectué, les 24 et 25 juin, une visite de travail en Russie. Au pays de Poutine, Morad Medelci a accordé un entretien à la chaine «Roussia Al Ayoum» dans lequel le Maroc a accaparé une bonne partie. Plus réaliste que son homologue marocain qui verse dans un optimisme débordant à chaque fois que l'Algérie est évoquée, Medelci a reconnu que les relations entre Rabat et Alger enregistrent une «amélioration évidente» par rapport à l'état dans lequel elles se trouvaient «il y a deux ans» , rappelant au passage le nombre important de réunions entre les ministres des deux pays. Bien que le rythme de ces déplacements a connu, depuis le début de cette année, un trend baissier à cause de la question du Sahara. «Mais cela ne signifie pas l'absence de problèmes», a averti Medelci. La drogue principal point de discorde avec le Maroc, selon Medelci Et des points de discorde il y en a. Le chef de la diplomatie du voisin de l'Est a bien évidemment choisi ce qui sied à son gouvernement : «ce qui préoccupe l'Algérie actuellement est le problème de trafic de drogue», ajoutant que son pays «est presque visé». Il n'a pas précisé par qui, mais ce n'est un secret pour personne qu'il fait allusion au royaume. La suite des déclarations de Medelci le prouve: «Des quantités importantes de drogue sont régulièrement saisies par les forces de l'ordre algériennes», a-t-il expliqué. Et de renvoyer la balle dans le camp de Rabat, «nous espérons une collaboration de la part du Maroc frère pour lutter contre le trafic de drogue». Medelci répond-t-il à Laenser ? Lundi 24 juin, lors de la session hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre de l'Intérieur a attribué la hausse de la criminalité au Maroc à l'entrée massive de drogues psychotropes. Là aussi, Mohamed Laenser a omis de mentionner la source de ces produits hallucinogènes dont une bonne partie provient de l'Algérie, empruntant, ainsi, le même chemin que les carburants et les médicaments, étalés en grande quantité sur la surface du Souk Al Had de Oujda. Le chef du département de l'Intérieur a révélé aux députés que durant les premiers cinq mois de l'année, les services de sûreté ont saisi 165 mille unités de psychotropes. La réouverture des frontières renvoyée aux calendes grecques «Les frontières ne sont pas faites pour être fermées éternellement», a ironisé Morad Medelci. «Au contraire chaque partie doit écouter l'autre partie et nous sortirons avec des mesures et des décisions qui mettront à l'aise les deux pays voisins». Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux de son collègue à l'Intérieur, Dahou Ould Kablia. Alors qu'il se trouvait, en avril à Rabat, dans le cadre d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'Union du Maghreb, il déclarait que «si nous accélérons le processus des négociations (...) elle (réouverure des frontières, ndlr) pourrait être résolue dans un avenir proche», affirmait-il. «Nous espérons qu'il y aura un environnement propice», concluait-il.