Les musulmans de France ont un côté positif : Ils constituent la minorité sociale la plus pacifique. Mais, cette communauté a aussi une autre face, négative cette fois : elle serait la plus passive des communautés religieuses de France. C'est l'avis du sociologue Raphael Lioger, qui appelle à l'organisation d'une «Muslim Pride» en France pour se jouer des préjugés et combattre l'islamophobie. Organiser une grande manifestation d'ampleur nationale pour dire non aux préjugés à l'encontre des musulmans de France, tel est le projet de Raphael Lioger, sociologue, enseignant à Sciences Po Aix, et directeur de l'Observatoire du religieux. Il s'agirait, à travers cette «Muslim Pride», d'organiser des manifestations artistiques, ou encore des sit-in pour se moquer de «l'aveuglement actuel caractéristique d'une paranoïa collective» de la société française, explique-t-il dans une interview publiée sur Oumma TV en début de semaine. Cette «Muslim Pride», qu'il voudrait avant les vacances d'été, devrait également être l'occasion «de montrer que la culture musulmane n'appartient pas à un âge d'or révolu (…) mais que c'est une religion contemporaine, ancrée dans son époque, dynamique, et productrice de culture». Elle constituera une réponse pour cette communauté dont la religion est considérée par 70% des Français comme un danger potentiel. Un danger potentiel pour la société, alors que pour le sociologue, les musulmans de France constituent la «minorité la plus pacifique». Fatalisme Au-delà de ce pacifisme, Raphael Lioger parle même de passivité. «Les musulmans de France ne se mobilisent pas» pour réclamer leurs droits, parfois des plus élémentaires. Au contraire, ils «se laissent gagner par une sorte de fatalisme face à cette névrose obsessionnelle islamophobe». Pire, les «musulmans ont de plus en plus honte [ndlr, d'afficher leur appartenance à l'islam]» et «n'osent pas descendre dans la rue». Il faudrait donc que «les musulmans aient confiance en eux», ce qui est, pour le moment, « très loin d'être gagné». Les catholiques, au milieu des années 80, rappelle-t-il, «ont envahi la Concorde pour moins que cela, uniquement pour défendre leur enseignement privé confessionnel.» Mobilisation Aujourd'hui, l'islamophobie ne cesse de s'amplifier en France. Les lois, au lieu de garantir les droits de cette minorité, les sapent de plus en plus, ajoute le chercheur. La loi interdisant le port du voile intégral en est selon lui un exemple patent, elle est tout bonnement contraire à la constitution, soutient-il toujours. Le sociologue pense que si «les musulmans réagissent, se défendent, décident de ne plus laisser dire ce qui est dit, et de ne plus laisser faire ce qui est fait, en manifestant, et en se manifestant avec les instruments de la démocratie» la donne va certainement changer. En un mot, les droits ne s'octroient pas, ils s'arrachent. Entretien de Raphael Liogier sur Oumma TV