Jeudi à Maputo, la délégation marocaine qui venait tout juste de protester contre la présence de la «RASD» aux travaux de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) a été victime d'une tentative visant à l'empêcher d'accéder à la salle de la réunion ministérielle. Ce vendredi, le chef de la diplomatie japonaise, lors d'une rencontre avec Nasser Bourita, a exprimé «son vif regret» sur les incidents de la veille. La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD), une initiative du Japon lancée en 1993, organisée cette année au Mozambique, restera dans les annales. Jeudi, une vidéo scandaleuse diffusée par Telquel, et reprise par les Inspirations Eco, a immortalisé l'interdiction du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita d'entrer dans la salle de la plénière pour prendre part à la réunion ministérielle. Des images d'une grande bousculade et une lutte menée par des membres de la délégation marocaine, de la délégation japonaise et des agents de sécurité qui font le tour de la toile. Jeune Afrique explique qu'«après avoir protesté contre la présence de représentants de la 'République arabe sahraouie démocratique (RASD)', invités par le Mozambique, pays hôte de cet événement», la délégation marocaine, dirigée par Nasser Bourita, a été empêchée d'accéder à la salle de la réunion. «Nous avons demandé leur retrait de cette réunion placée sous l'égide de l'ONU qui ne reconnaît pas la 'RASD'. Le Japon était du même avis et a refusé leur présence. Mais la partie mozambicaine a voulu les faire rentrer de force en nous empêchant d'accéder à la salle», confie un membre de la délégation marocaine joint par le magazine panafricain. Malgré l'incident, la délégation marocaine a pris part au sommet Ce vendredi, Nasser Bourita s'est entretenu avec son homologue japonais Kono Taro, en marge de la réunion ministérielle de suivi de la TICAD à Maputo. «Lors de cet entretien, le ministre japonais à exprimé son vif regret s'agissant des incidents et la confusion durant la séance d'ouverture de la réunion ministérielle de suivi de la TICAD», rapporte l'agence MAP. «[Le ministre japonais] a également fait part de sa stupéfaction que les autorités du Mozambique aient contourné les procédures d'accès pour faire introduire les membres non invités du 'Polisario' par une porte dérobée, tout en refusant l'accès à des délégations disposant de badges et dûment accréditées. Même des membres de l'ambassade du Japon ont été brutalisés.» L'agence officielle MAP informe aussi que «le Japon a protesté vigoureusement auprès du pays hôte pour ce comportement inadmissible». Le chef de la diplomatie japonaise «a précisé par ailleurs que le Japon œuvrera pour régler ce problème organisationnel définitivement». «Dans ce même contexte, M. Kono Taro a réitéré la non reconnaissance de son pays de la pseudo 'RASD', et a insisté sur le fait que la position du Japon de ne pas les inviter aux travaux du processus de la TICAD demeure inchangée». Kono Taro a promis que «de tels incidents ne se reproduiront plus» lors de la prochaine réunion ministérielle et le sommet de la TICAD, prévus au Japon. La MAP précise aussi que même après l'incident survenu jeudi, la délégation a pu prendre part aux travaux du Sommet Afrique-Japon. «Voyant qu'ils n'entendaient pas accepter la présence du Polisario, le ministre des Affaires étrangères du Mozambique, Oldemiro Balói a introduit les représentants sahraouis dans sa propre délégation et leur a offert des sièges réservés au Mozambique», raconte pour sa part Jeune Afrique. «Face à ce qui s'est passé, les autorités japonaises, qui parrainent la TICAD, envisagent sérieusement l'hypothèse de tenir tous les sommets au Japon», conclut cette source. Pour rappel, le Mozambique s'était opposé à l'adhésion du Maroc à l'Union africaine lors du 28e sommet d'Addis-Abeba tenu les 30 et 31 janvier 2017. Quelques jours seulement après le sommet panafricain, le chef du Polisario, Brahim Ghali s'était rendu à Maputo pour une visite de trois jours, dans une tentative de préserver ses relations privilégiées, héritées de l'époque de la Guerre froide, avec ce pays. Depuis le retour du Maroc, le Front tente de maintenir ses alliés en Afrique australe, une région encore à l'abri de l'influence du royaume. Article modifié le 26/08/2017 à 10h57