La Catalogne est toujours dans le viseur de Madrid. Après avoir reproché à la police catalane son refus d'échanger des informations confidentielles avec le Centre national de renseignement (CNI) et la Guardia Civil sur les cellules djihadistes dormantes dans la région, un média espagnol avance la thèse de la colère du Maroc. Détails. Le soutien de partis catalans indépendantistes au Hirak a-t-il porté préjudice à la coopération antiterroriste entre le Maroc et l'Espagne ? Oui, estime le journal en ligne Ok Diario. La publication explique que l'appui ferme du parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne) et du CUP (Candidature d'unité populaire, un allié de Podemos) au mouvement de contestation rifain a certainement suscité la colère de Rabat. C'est d'ailleurs cette colère qui serait à l'origine du refus des autorités marocaines de recevoir, début mai, le président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont, prétextant un agenda chargé des ministres du gouvernement El Othmani. Ce fut une première dans les relations entre le royaume et la Catalogne. D'ordinaire, les chefs de la Généralité catalane, qu'ils soient étiquetés droite nationaliste ou gauche socialiste, sont reçus avec les honneurs au Maroc. Pour mémoire, Hassan II avait accueilli, en août 1994, soit une semaine après l'attaque terroriste de l'hôtel Atlas Asni, Jordi Pujol avec le drapeau catalan flottant aux côtés des drapeaux espagnol et marocain. Le premier appui institutionnel au Hirak glané à Barcelone Visiblement, cette indication historique échappe aux nouveaux dirigeants de la Catalogne. Immédiatement après la suspension de Puigdemont, les conseillers du CUP et du parti ERC ont présenté à l'assemblée de la mairie de Barcelone une déclaration en faveur du Hirak. Les élus du parti Démocratie catalane, au pouvoir dans la région, se sont ralliés à l'initiative. D'ailleurs, le CUP ne s'est pas contenté de cette «victoire» ; il prévoit d'engager tout le parlement de Catalogne dans sa stratégie, à moins que les attentats de Barcelone et Cambrils persuadent la petite formation de modérer son emballement pour le Hirak. «Selon des sources diplomatiques et des services secrets espagnols, l'appui d'ERC et du CUP au mouvement populaire du Rif complique les relations avec les autorités alaouites», conclut la même publication. Madrid compte sur les renseignements en provenance du Maroc pour faire face à la menace terroriste. En témoigne la décoration en octobre 2014 d'Abdellatif Hammouchi de la «Croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge», alors que la France avait voulu l'arrêter quelques mois auparavant.