Les attentats de Barcelone et Cambrils s'inscrivent dans le cadre d'une «conspiration» visant l'islam et les musulmans d'Espagne. C'est ce qu'affirme Mounir Benjelloun El Andaloussi, président de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI) qui réunit 500 associations et 12 fédérations régionales, dans une interview accordée à Yabiladi. Pourquoi la Catalogne et non pas d'autres régions de l'Espagne ? Et les associations musulmanes assument-elles une responsabilité dans la radicalisation des jeunes ? En Espagne, il n'y a pas de groupes extrémistes structurés qui défendent un islam radical. Ces jeunes qui ont commis les attentats de Barcelone et Cambrils sont des «loups solitaires» ne fréquentant même pas les mosquées. Leurs profils sont identiques à ceux ayant pris part aux actes terroristes en France ou en Belgique. Nous sommes face à des individus au passé criminel et aux connaissances très basiques des préceptes de l'islam. Et à votre avis à qui profite les deux actes criminels ? Certainement pas aux musulmans d'Espagne. Il y a de la confusion et des doutes. Je crois à une conspiration contre l'islam et les musulmans. De la part de qui ? De certaines parties. Il faut ouvrir une enquête pour répondre à la question suivante: à qui profitent ces deux attentats ? Les musulmans sont malheureusement le maillon le plus faible de la chaine. Ils subissent la colère des milieux racistes xénophobes, des autorités et des groupes extrémistes islamistes. Êtes-vous inquiets de la montée de l'islamophobie en Espagne après les deux attentats terroristes récents en Catalogne ? Nous avions assisté, hier à Barcelone, à une démonstration d'extrémistes. Des mosquées et le consulat du Maroc ont subi la colère de personnes racistes. Sans aucun doute, les actes islamophobes iront crescendo. Nous avons constaté la montée des appels à la haine du musulman sur les réseaux sociaux et sur quelques médias en ligne. La FEERI compte ester en justice contre les auteurs de ces messages islamophobes. Depuis 2013, le code pénal espagnol a inscrit la «haine» de l'autre dans la liste des délits passibles de peine d'emprisonnement. En 2016, l'observatoire de notre organisation a relevé 500 cas. Certes, la haine du musulman reste encore inférieure en Espagne par rapport à d'autres pays de l'Union européenne parce qu'elle n'est pas structurée et portée par des formations politiques. Il fait aussi saluer l'ouverture de la société catalane : Plus de 80 nationalités y vivent et 250 mosquées reconnues y sont installées.