L'ère des dirigeants politiques populistes vit-elle ses dernières heures ? Effet domino, la démission d'Ilyas El Omari pourrait entrainer dans son sillage les départs de Hamid Chabat, Driss Lachgar et Abdelilah Benkirane. De nouveaux profils cherchent à prendre le relais : Belkouch et Ouahbi au PAM, El Othmani au PJD et Nizar Baraka à l'Istiqlal. La page des chefs populistes adeptes de polémiques serait sur le point d'être tournée. La démission d'Ilyas El Omari sonne comme le début d'une nouvelle configuration de la scène partisane. Le choix de Habib Belkouch pour assurer l'intérim cadre parfaitement avec la nouvelle génération de secrétaires généraux que les tenants de la politique au Maroc qui tentent de pousser ce type de profil plus mesuré sur la scène partisane. L'ère de Hamid Chabat à l'Istiqlal, Ilyas El Omari au PAM, Driss Lachgar à l'USFP n'est plus en phase avec les changements qui s'esquissent, notamment si le retrait de Benkirane des commandes du PJD se confirme. Le profil de Belkouch est proche de celui de Nizar Baraka à l'Istiqlal. Les deux étant connus pour leur rejet des joutes verbales. Certes ils ne dégagent pas le charisme à même de rassurer leurs bases respectives et dont les médias sont friants, mais ils ont la qualité de travailler en silence sans créer de problèmes ou de crises majeures avec les autres partenaires politiques qu'ils soient au Maroc ou à l'étranger. Une qualité précieuse en ses temps où le royaume a besoin de calme et de sérénité à l'intérieur comme à l'extérieur. On se souvient de la récente polémique déclenchée par Hamid Chabat avec la Mauritanie. El Omari-Benkirane, des destins liés ? De son côté, le PJD est hautement concerné par ces changements. Le mandat de Abdelilah Benkirane à la tête du parti de la Lampe vit depuis quelques mois les prolongations et doit s'achever au début de décembre. Après avoir succéder à Benkirane au poste de chef de gouvernement, Saâdeddine El Othmani est le mieux placé pour lui succéder également aux commandes du parti. A ce propos, le timing du départ d'Ilyas El Omari de la tête du PAM tombe au mauvais moment pour les partisans de l'actuel secrétaire général. Ils se voient ainsi privés de leur principal épouvantail qui légitimerait un 3e mandat, Benkirane étant pour eux la personne idoine pour faire face à un El Omari au volant du Tracteur. C'est d'ailleurs ce même raisonnement qui avait prévalu lors de la mise à l'écart El Othmani du secrétariat général du PJD au congrès de 2008. A l'époque, le Mouvement unicité et réforme avait estimé qu'El Othmani ne pouvait faire le poids face à Fouad Ali El Himma. Ce dernier préparait son projet de formation politique résolument anti-islamiste.