A six semaines de la fête de l'Aïd El Kébir, le principal parti d'opposition à Melilla menace de battre le pavé pour contraindre le gouvernement Rajoy à laisser entrer dans l'enclave espagnole environ 6.000 moutons élevés au Maroc. Le chef de Coalition pour Melilla prévoit des marches de protestations pour, dit-il, «défendre des traditions millénaires». Le mouton marocain est au cœur d'une tension entre le gouvernement espagnol et le principal parti des musulmans de Melilla, dans l'opposition au Parlement local. Lors d'un point de presse, le chef de Coalition pour Melilla, Mustafa Aberchan, a menacé de programmer une série d'actions de protestation durant les mois de juillet et août. Objectif ?contraindre le ministère de l'Agriculture à lever les restrictions à l'entrée de milliers de moutons en provenance du Maroc à l'occasion de la fête de l'Aïd El Kébir. Par cette mobilisation le CpM entend «exprimer clairement la défense de traditions millénaires qui à aucun moment ne doivent être remises en question. Des traditions qui sont victimes d'un attentat de la part de l'administration centrale», a expliqué Mustafa Aberchan. Pour faire valoir les droits légitimes des musulmans à sacrifier un mouton qui répond aux règles islamiques, le parti prévoit également de recourir à la justice. Risque de confrontation sociale En novembre 2015, le gouvernement Rajoy avait prohibé l'entrée de bêtes destinées au sacrifice originaires du Maroc. Le motif invoqué à l'époque : un risque sur la santé avec la maladie de la fièvre aphteuse. En 2016 et malgré une campagne de contestation modérée via un document adressé aux partis politiques, les musulmans n'avaient pas pu sacrifier de moutons en provenance du Maroc. Mais cette année, Coalition pour Melilla entend passer à un niveau supérieur dans ces revendications. La formation de Mustafa Aberchan, qui se présente comme la seule à même de défendre le pouvoir d'achat des musulmans de Melilla, s'oppose à l'entrée des moutons du Maroc dans le cadre d'opérations commerciales, arguant que les taxes d'importations augmenteront les prix des bêtes. Pour l'instant, le gouvernement Rajoy n'a pas encore réagit aux menaces du leader du CpM. Il a laissé le soin au Parti populaire (PP) de Melilla de rejeter les revendications d'Aberchan. Celles-ci ne sont «qu'une autre manifestation publique de la victimisation constante du CpM quand elle n'a en sa possession aucun argument légal ou politique pour pouvoir défendre ceux qu'elle prétend défendre», a accusé la secrétaire de communication du PP de Melilla.