Un parti local menace de saborder la coalition gouvernementale si le gouvernement central ne revient pas sur sa décision d'interdire le passage des moutons marocains. Les moutons marocains ne sont plus les bienvenus à Melilia, à quelques jours de Aïd Al Adha. Selon la déléguée du gouvernement central, Sabrina Moh, le ministère de l'Agriculture espagnol n'a pas levé l'interdiction d'importer des têtes d'ovins originaires du Maroc. En cause, la réapparition de cas de fièvre aphteuse au sein du cheptel marocain. Dans des déclarations à la presse, la préfète a souligné que «la situation est compliquée au Maroc car les foyers de fièvre aphteuse se sont multipliés dernièrement». Pour cette raison, les autorités sanitaires compétentes en matière de transport d'animaux vivants n'ont pas autorisé, suite à la publication d'une circulaire ministérielle, le passage des moutons marocains vers l'enclave, a affirmé la représentante du gouvernement central à Melilia. Celle-ci a ajouté que six nouveaux cas ont été détectés récemment au royaume, ce qui complique l'import des bêtes en vue de Aïd Al Adha, que célèbre la communauté musulmane de l'enclave. «Il s'agit d'une affaire de santé publique. Aujourd'hui, la situation au Maroc concernant la fièvre aphteuse est non seulement pas contrôlée, mais elle serait pire qu'il y a quelques mois», a-t-elle affirmé. Pour se décharger de toute responsabilité concernant ce dossier polémique, Sabrina Moh a ajouté que le passage des animaux vivants relève des prérogatives des autorités sanitaires centrales. La question revêt une grande importance auprès de la communauté musulmane et ses représentants politiques. De même, elle occupe les devants de la scène politique du préside, à la veille de cette fête religieuse. À ce propos, le parti local, Coalicion por Melilla (CpM), a même menacé de retirer son appui au gouvernement local si cette interdiction n'est pas levée. Mustafa Aberchan, leader de cette formation qui représente les intérêts de la communauté musulmane, a brandi la menace de briser la fragile coalition qui compose le gouvernement de Melilia, si Madrid ne prend pas les mesures nécessaires permettant l'introduction de ces bêtes. Dans une conférence de presse, Aberchan a indiqué que son parti ne peut «partager des responsabilités de gouvernance avec un partenaire, le PSOE en l'occurrence, qui est à la tête du gouvernement central, s'il ne respecte pas le droit fondamental de la population de confession musulmane». Les menaces de cette formation ne sont pas à prendre à la légère. Le CpM compte huit députés locaux à l'Assemblée locale, face à quatre du PSOE et un seul de la formation centriste Ciudadanos, ses deux partenaires au gouvernement. Le soutien de CpM est primordial pour maintenir le PSOE et Ciudadanos au pouvoir face au Parti populaire qui a régné en maître absolu sur l'enclave des décennies durant. Le leader du CpM n'a pas manqué de rappeler le sort de l'ex-titulaire du département de Santé publique, qui a fait l'objet de poursuites judiciaires suite à une plainte pour prévarication, déposée par cette formation, pour avoir empêché le passage des ovins marocains. À cet effet, Aberchan s'est dit disposé à donner du temps au gouvernement pour proposer une solution permettant l'accès des bêtes marocains, «sinon on redépose la plainte», a-t-il laissé entendre. Et de rappeler que l'interdiction européenne concernant l'importation des animaux vivants ne devrait pas affecter Melilia vu que, selon son statut douanier, l'enclave est considérée comme un pays tiers. L'on estime à environ 6.000 le nombre de têtes d'ovins importées du Maroc pour satisfaire la demande des familles de confession musulmane de Melilia durant cette fête religieuse.